( Ce texte entre dans le cadre des réflexions faites pour l'association Citoyens de la transition : Imaginons un autre monde)
La notion de travail est en train d’évoluer. Il y a peu de temps encore, ce terme était utilisé pour désigner une activité de production de biens et de services donnant droit à un salaire. Depuis le rapport Stiglitz, on inclut désormais dans la définition le bénévolat et les tâches domestiques.
Quelles sont les caractéristiques de ces trois formes de travail ?
La première est rémunérée ; elle est un droit et une nécessité pour la majorité des gens. C’est « le gagne-pain », expression imagée qui dit bien qu’on travaille pour acheter ce dont on a besoin pour vivre.
Le bénévolat représente un travail que l’on fait volontairement et sans être rétribué ; c’est un acte solidaire. Le bénévolat est, selon France Bénévolat, en forte progression dans notre pays. Il est appelé à se développer encore dans les prochaines décennies si la transition écologique tient ses promesses.
Enfin le travail domestique, non rémunéré, représente lui aussi de nombreuses heures d’activité. Même si certaines tâches paraissent fastidieuses, elles sont indispensables à la bonne marche du foyer. Les classes les plus aisées préfèrent confier ce travail à des employés.
Il y a dans le mot travail une idée de souffrance et de punition qui trouve ses origines dans la vision biblique de la vie qui veut que l’homme et la femme chassés du paradis « gagnent leur pain à la sueur de leur front ».
La rupture entre le manuel et l’intellectuel se lit dans la façon de s’exprimer. On dira plutôt en parlant de l’ouvrier d’usine qu’il fait un travail pénible. Mais, pour évoquer le travail de l’écrivain ou du peintre, on préférera parler d’œuvre admirable, accomplissement de la pensée, de la sensibilité, du talent de son auteur.
La nature du travail a changé dès le début de l’ère industrielle. Autrefois, même quand la tâche était dure, le menuisier, le laboureur, avaient un sentiment de liberté. L'un et l'autre accomplissaient leur tâche selon leur méthode. Ils ne gagnaient pas forcément beaucoup d’argent mais ils étaient leurs propres maîtres.
Le poids de la finance a modifié les règles. L’employé moderne est devenu un producteur - consommateur qui ne maîtrise rien (ni sa façon de travailler, ni le projet sur lequel il travaille). La crainte du chômage le hante, le travail a perdu son sens, chacun fait une parcelle de la tâche en ignorant ce que font les autres.
Certains voudraient faire croire que le travail moderne, grâce aux avancées techniques, a libéré l'homme.
Il n'en est rien : c'est le rythme de la machine qui s'est imposé aux travailleurs en créant de nouveaux rythmes de vie, en apportant de nouvelles maladies professionnelles, psychologiques et des frustrations.
Dans les pays riches, une véritable religion du travail s'est créée; le travail est devenu la valeur sociale dominante.
Hannah Arendt a écrit que les besoins de première nécessité sont un moteur puissant parce que notre vie en dépend et qu'en nous poussant à travailler pour les acquérir, le capitalisme a pu se présenter en tant que système social.
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Non seulement il faut changer la manière de travailler mais il faut aussi remettre le travail à sa vraie place : un moyen de contribuer à la vie sociale en exerçant une activité utile, et non une fin en soi.
C’est l’un des enjeux des trente prochaines années. Pour cela il faut mettre en place une économie soutenable et solidaire basée sur le respect des autres et sur la coopération.
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