Le bûcheron
Le comportement de certains de nos semblables est paradoxal. Un tel qui le jour est cadre supérieur dans une grande banque internationale prononce le soir devant ses camarades des discours virulents contre le monde des banquiers. Tel autre qui se dit défenseur de la cause animale — et qui aime ses chats plus que tout — ne saurait se passer de foie gras et prend du plaisir à assister aux corridas.
Stanislas Mouthier faisait partie de ces hommes qui vivent dans le paradoxe. Dès l’enfance, il avait montré qu’il aimait la nature. Il serait sans aucun doute un futur écologiste, pensaient ses parents qui l’imaginaient déjà cultivant son jardin bio et vendant ses légumes sur les marchés. Stanislas préféra choisir le métier de bûcheron. Il abattait des arbres à longueur de journée avec beaucoup d’ardeur.
Stanislas était un solitaire. On ne lui connaissait pas d’amis, pas de compagne. Il ne tolérait que la présence de ses chiens.
Sa véritable passion, c’était la vitesse et c’est ce qui l’avait poussé à acheter une moto. Il occupait ses loisirs à parcourir les routes de campagne à toute allure. Cette passion lui fut fatale.
Un matin d’automne, alors qu’il venait de quitter un village, un chien qui avait aperçu une chienne à son goût traversa soudainement la route pour la rejoindre. Stanislas freina à mort pour éviter l’animal. La chaussée était glissante, la moto termina sa course contre un platane. C’est au pied de cet arbre qu’on le retrouva quelques minutes plus tard. Il était déjà mort.
Ainsi s’acheva, à tout juste 50 ans, la vie de Stanislas Mouthier, ami des chiens, amoureux de la nature et bûcheron.
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