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lundi 29 novembre 2010

Résister, le mot de la semaine ( 15)

Chaque semaine, voici une  courte réflexion - à partir d’un mot - développée en une  phrase. 

          Aujourd’hui,  le mot :   résister






«  Souffrez que je résiste à votre volonté. »
(Molière)


Voilà un mot qui exprime bien la vie, la vraie, celle des hommes debout : face aux oppressions, aux menaces contre la liberté, face à l’usage de la force, ne pas céder est une obligation ; celui qui se rebelle contre les injustices, contre toutes les formes de racisme, contre la tyrannie, fait avancer la société tandis que le résigné et pis encore le courtisan prennent le risque de la conduire aux pires catastrophes.

samedi 27 novembre 2010

CONTES BREFS (7)

Le bûcheron

Le comportement de certains de nos semblables est paradoxal. Un tel qui le jour est cadre supérieur dans une grande banque internationale  prononce le soir devant ses camarades des discours virulents contre le monde des banquiers. Tel autre qui se dit défenseur de la cause animale — et qui aime ses chats plus que tout — ne saurait se passer de foie gras et prend du plaisir à assister aux corridas.
Stanislas Mouthier faisait partie de ces hommes qui vivent dans le paradoxe. Dès l’enfance, il avait montré qu’il aimait la nature. Il serait sans aucun doute un futur écologiste, pensaient ses parents qui l’imaginaient déjà cultivant son jardin bio et vendant ses légumes sur les marchés. Stanislas préféra choisir le métier de bûcheron. Il abattait des arbres à longueur de journée avec beaucoup d’ardeur.
Stanislas était un solitaire. On ne lui connaissait pas d’amis, pas de compagne. Il ne tolérait que la présence de ses chiens.
Sa véritable passion, c’était la vitesse  et c’est ce qui l’avait poussé à acheter une moto. Il occupait ses loisirs à parcourir les routes de campagne à toute allure. Cette passion lui fut fatale.
Un matin d’automne, alors qu’il venait de quitter un village, un chien qui avait aperçu une chienne à son goût  traversa soudainement la route pour la rejoindre. Stanislas freina à mort pour éviter l’animal. La chaussée était glissante, la moto termina sa course contre un platane. C’est au pied de cet arbre qu’on le retrouva quelques minutes plus tard. Il était déjà mort.
Ainsi s’acheva, à tout juste 50 ans, la vie de Stanislas Mouthier, ami des chiens, amoureux de la nature et bûcheron.


jeudi 25 novembre 2010

Les cardères




Etonnantes cardères  qui occupent des espaces où l’homme n’a pas cherché à imposer sa loi.  Au milieu d’un talus, elles offrent le spectacle sauvage d’une nature qui reprend ses droits. Cette beauté débridée me plaît davantage que la rigueur des jardins trop ordonnés.

Les cardères se dressent vers le ciel, telles une forêt de micros bruns et velus  que tendraient d’invisibles journalistes prêts à recueillir les déclarations d’une  célébrité. 

Il y a dans le langage populaire une poésie que j’ai déjà évoquée (voir Messages les plus consultés). Il y a aussi un sens aigu de l’observation que l’on retrouve dans le cabaret des oiseaux, autre façon de désigner la cardère qui offre la particularité de former, à la base des feuilles, une minuscule cuvette où les oiseaux viennent s’abreuver.

L’homme n’a pas véritablement inventé le peigne et la brosse. Il n’a fait que s'inspirer de la cardère qu’on utilisait jadis pour démêler la laine.

mardi 23 novembre 2010

Regard sur l'IDH 2010


IDH

Le PNUD ( programme des Nations Unies pour le Développement )  a établi à partir de 1990 un nouvel indice, l’IDH ( indice de développement humain) afin de corriger le PIB qui est une mesure prenant en compte uniquement les activités économiques d’un pays.


L’IDH est loin d’être parfait : il reste basé sur l'idée de croissance économique et ne tient compte que des questions de santé et d’éducation mais il introduit cette année une donnée nouvelle, l'inégalité des genres. 
En dehors de l’IDH, de nouvelles propositions ont été faites, beaucoup plus intéressantes. Celle qui me semble la plus complète vient du Canada ; il s’agit de l’indice de qualité de vie et de bien-être qui est le fruit d’un travail commun de chercheurs et de citoyens.

Que nous apprend l’IDH 2010 ? 
Si l’on relève un gain en ce qui concerne l’espérance de vie, on est obligé de constater que le fossé entre pays riches et pays pauvres ne se réduit pas : les dix pays venant en fin de classement se trouvent en Afrique. Dans les premières positions, on trouve dans l’ordre la Norvège, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et les  Etats-Unis. Un classement qui ne présente pas de surprises mais qui ne doit pas faire oublier, surtout pour les USA, les disparités internes. ( pour information : la France arrive en 14e position ) 

La réduction des inégalités entre le Nord et le Sud reste plus que jamais un objectif qui devrait être pris à bras le corps au niveau international, mais le  monde économique est-il prêt à se remettre en cause ?

mercredi 17 novembre 2010

Démocratie

Entendre la rumeur du temps présent pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et chercher avec modestie mais avec opiniâtreté des pistes permettant d’entrevoir un avenir meilleur, tel est le but poursuivi au travers de mes billets. 





Lorsqu’on aborde des sujets relevant de la politique, l’exercice devient délicat : il faut d’abord éviter, comme le font la plupart des politiciens, de tomber dans la caricature, dans la démagogie, dans l’invective, dans la critique systématique de l’adversaire.
Il faut éviter d’autre part de se satisfaire d’un semblant de consensus qui ne résout rien. La démocratie n’avance que par un véritable débat.
 Voilà ce qu’on attend d’une démocratie digne de ce nom. J’avoue que dans le paysage politique français actuel je vois peu de personnages ayant assez de respect des citoyens pour leur parler un langage de vérité et de raison. Dans le passé, Pierre Mendès-France a sans doute été le meilleur symbole d’une politique exigeante et responsable ; à l’étranger Nelson Mandela et surtout Gandhi imposent le respect par l’adéquation entre leurs idées, leur vie et leur action.
Dans de nombreux pays démocratiques aujourd’hui, la conception de la politique est pitoyable. Les hommes au pouvoir et leurs opposants ( qui aspirent à prendre leur place) abandonnent le débat sur les questions importantes, celles qui engagent non seulement la qualité de vie des contemporains mais aussi  celle des générations futures, pour se transformer en hommes de communication, reprenant les méthodes qu'utilisent  les publicitaires pour attirer une nouvelle clientèle. Leur but suprême est d’accéder au pouvoir. Et la démocratie en pâtit.

samedi 13 novembre 2010

Théodore MONOD : l'appel du désert

« La vie n’est pas la joie. C’est  la tension dans l’effort... »
               Th. Monod - Carnets


Théodore Monod   est né en 1902 et il est mort le 22 novembre 2000.  A l’occasion des dix ans de sa disparition, le Muséum national d'Histoire naturelle a décidé de rendre hommage à cet homme d'exception, aux multiples talents, qui a traversé un siècle chaotique marqué par deux grandes guerres et de nombreux conflits, par la détérioration de l’état de la planète, l’accroissement de l’exclusion, les abominations du nazisme, autant de faits, d’événements qui l’ont révolté  et l’ont poussé à agir.
Cet hommage me paraît fort utile en ces temps troublés et incertains.

Théodore Monod était d’abord un naturaliste, un explorateur et c’est sans aucun doute sa fascination pour le désert qui a marqué le plus son existence : pendant 60 ans il a parcouru le désert du Sahara, parfois à dos de dromadaire, le plus souvent à pied, y  découvrant des espèces végétales et y trouvant surtout un lieu de méditation dans le silence des sables.
Comme il l’a dit lui-même, il n’appartenait à aucun parti mais il épousait toutes les causes humanistes : antiraciste, écologiste, pacifiste, il s’était prononcé contre la guerre d’Algérie, il était contre l’arme nucléaire ( au point de jeûner pour dire son opposition aux bombardements atomiques d’ Hiroshima et de Nagasaki )
Théodore Monod respectait la vie sous toutes ses formes. Lui qui était protestant regrettait le silence de la théologie chrétienne sur la question de la souffrance animale et il dénonçait la chasse, la corrida, la vivisection.
Homme engagé, il n’a jamais cherché la médiatisation à outrance. Il était un homme du désert tourné sur le monde et ses misères. Les hommes d'aujourd'hui gagneraient à entendre le message de Théodore Monod.

jeudi 11 novembre 2010

VARSOVIE 42




Je me suis rendu à plusieurs reprises en Pologne et, dès le premier voyage, j’ai aimé ce pays, ses habitants accueillants, volontaires, ses villes chargées d’histoire, ses paysages romantiques.
Au cours des siècles, la Pologne a beaucoup  souffert. Auschwitz-Birkenau, le ghetto de Varsovie, Treblinka…sont des lieux qui évoquent à jamais la barbarie.

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Varsovie s’endormait dans la nuit de novembre et la pluie qui tombait monotone s’insinuait entre les pavés.
La ville était sereine
 — Avec le temps les  blessures des villes aussi  finissent par se cicatriser  —


Et soudain sur la place déserte une femme  a surgi.
Elle courait dans son long manteau noir.
— Qui est-elle? Où va-t-elle? Et pourquoi cette fuite ?
Je ne le saurai pas. 
Quelques  pas sous la pluie …elle avait disparu…


Et je me suis souvenu de ce long mur  gris —œuvre de barbarie,  prison pour innocents — et de cette gare sinistre  des  voyages sans retour.


Varsovie novembre quarante-deux.
On entendait au loin des bruits de fusillade et des femmes, des hommes passaient devant les morts.
Ils fuyaient  affamés vers un port improbable.


Et l’ombre qui avait traversé la place s’incrustait dans ma mémoire.. .


mardi 9 novembre 2010

Théâtre : Yes, peut-être

de Marguerite DURAS



La compagnie des Mers du Nord était de passage dans le Boulonnais ce vendredi pour présenter une courte pièce de Marguerite Duras, écrite en 1968 : Yes, peut-être.
Cette pièce peu connue démontre que l’auteur était une visionnaire. Certes, en 1968, les premiers signes de la crise écologique étaient déjà apparus, le combat des antinucléaires était  bien vivace, l’ombre d’Hiroshima planait sur le monde et beaucoup de gens dénonçaient la guerre du Vietnam. Mais la prise de conscience des problèmes écologiques était moins forte qu’aujourd’hui.
Marguerite Duras nous présente dans cette pièce un monde dévasté par un désastre nucléaire. Il ne reste qu’un théâtre près de la mer. Du monde civilisé survit une vieille femme. Dans un coin de la scène un guerrier, plus mort que vivant, enchaîné, dont on apprendra qu’il est là pour repeupler la planète.
Apparaît soudain au-dessus de nos têtes une jeune femme venue d’ailleurs ; elle est à la recherche d’eau et de connaissances. Dans un langage minimaliste, les deux femmes vont tenter de communiquer. Peu à peu des bribes de mémoire collective vont se reconstruire. On comprend que les deux femmes vont essayer de vivre et la pièce se termine sur une note optimiste, par un passage de témoin entre la vieille femme du monde détruit et la jeune inconnue.
Les trois acteurs sont excellents. Brigitte Mounier qui assure la mise en scène a confirmé dans le débat qui a suivi le spectacle qu’elle était une femme engagée. La compagnie des Mers du Nord est installée à Gravelines, près de la plus grosse centrale nucléaire d’Europe et de 14 sites classés Seveso. Le choix de  cette pièce n'est donc pas innocent. C’est un théâtre militant qu’elle nous offre.
Souhaitons-lui de poursuivre longtemps sa mission. 

dimanche 7 novembre 2010

TRAIN, le mot de la semaine ( 12 )



Chaque semaine, voici une courte réflexion - à partir d’un mot - développée en une  phrase. 

Aujourd’hui,  le mot :  train  





Beaucoup de gens ont de la sympathie pour le train, qu’il s’agisse du jouet qui ravit les enfants et les pères, du petit train touristique  qui permet de traverser de superbes paysages et bien sûr du train qu’on prend pour se rendre au travail ou partir en vacances, train qui est le mode  de transport préféré des écologistes ( après la marche et le vélo pour les petites distances ), mais dont on fait parfois un usage  peu conforme aux valeurs portées par l’écologie : s’il n’est pas nécessaire de s'étendre sur l'usage du train pendant les heures noires de la seconde guerre mondiale, on peut déplorer  que régulièrement de dangereux convois de déchets nucléaires traversent la France dans la plus grande opacité, sans que les spécialistes  puissent faire  les mesures de radioactivité qui permettraient d’informer les populations ; il y a des trains qu’on aimerait ne pas voir circuler. 

vendredi 5 novembre 2010

LE JOUEUR D'ECHECS



CONTES BREFS ( 1 )

Qu’est devenu Boris Drigonov, le célèbre joueur d’échecs qui dans les années 70-80 était réputé imbattable ? Aujourd’hui octogénaire, il vivrait en Toscane, dans une maison de repos pour personnes âgées. Dans sa chambre, quelques échiquiers sur lesquels sont disposées soigneusement les pièces du jeu rappellent son passé glorieux. Boris passe devant ceux-ci sans émotion, ils ne lui rappellent rien.

Sa descente aux enfers a débuté ce jour de janvier 1991 où un puissant ordinateur l’a battu. Boris Drigonov ne s’en est jamais remis. Il a alors subi une forte dépression puis a vécu une période de mysticisme profond et s’est coupé  petit à petit  du monde réel. Mais avait-il connu dans le passé ce monde-là ? On peut en douter.
Dès l’âge de trois ans, le jeune Boris fut plongé dans le monde des échecs  par son grand-père, un ancien champion russe persuadé que ce jeu  avait mille vertus : il contribuait, selon lui, à former des gens  modestes, sensibles au vrai et au beau, leur donnait de la profondeur d’esprit et un caractère ferme. Il avait oublié que les échecs avaient parfois aussi un pouvoir de fascination destructeur.
Si le petit Boris battait déjà à huit ans des grands-maîtres expérimentés, il était par ailleurs un piètre écolier. On pouvait douter de son intelligence ; il avait par contre une mémoire exceptionnelle : il connaissait par cœur toutes les ouvertures possibles et leurs variantes, il avait refait des centaines de fois les parties modèles citées dans les  revues et livres spécialisés. Après chaque compétition, il rejouait mentalement les parties.
Plus sa renommée grandissait, plus Drigonov s’enfermait dans un univers particulier: il était obnubilé par le carré divisé en 64 cases sur lequel bougeaient  32 pièces de bois, celles qu’il manipulait et celles de l’adversaire qu’il imaginait devant lui.


Ce qui se passait dans le monde n'avait aucun intérêt pour lui. Il ne lisait pas les journaux, n’avait jamais ouvert un roman depuis sa sortie de l’école. Sa vie privée avait été un désastre. Marié à quarante ans par souci des convenances, il avait eu une fille dont il ne s’était jamais occupé.
Il était heureux ainsi, jusqu’à ce jour de janvier 1991 où son univers s’était écroulé.




mercredi 3 novembre 2010

Climat et Académiciens



L'ART DU COMPROMIS

Les académiciens sont des gens bien élevés. L’entrée à l’Académie ( quelle qu’elle soit) est généralement le couronnement d’une belle carrière. L’Académie des Sciences n’échappe pas à la règle. Porter l'habit d'académicien suppose un comportement conforme à la tradition.
Ainsi lorsqu’il s’agit de prendre position sur le réchauffement climatique que seuls quelques rares scientifiques mettent en doute, le rapport signé par des climatologues des deux camps est-il rédigé avec une grande prudence, de manière à ne vexer personne, quitte à écorner quelque peu la vérité.
On sait que le  rapport du GIEC attribuait  l’essentiel du réchauffement climatique  «  très probablement » aux activités humaines. Pour l’Académie, ce réchauffement est  «principalement dû à l'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère». 
On appréciera la nuance.
Le rapport est ainsi truffé de concessions faites ici au GIEC, là à Claude Allègre  et à ses amis. On notera aussi  que la petite querelle qui oppose les climatologues aux autres scientifiques est tranchée en faveur de ceux-ci.
Cette attitude des académiciens paraît assez dérisoire à un moment où la mobilisation de toutes les énergies est nécessaire pour enrayer un phénomène dont la gravité est largement reconnue.


lundi 1 novembre 2010

Biodiversité : après Nagoya


Parce que la biodiversité  est l’un des problèmes majeurs qui se posent en matière d’environnement, depuis le début de l’année, j’ai participé à la campagne d’information menée pour sensibiliser les gens à cette question.
J’invite ceux qui souhaitent en savoir plus, à utiliser la fonction Recherche située sur la page d’accueil ( ou la fonction Libellés) pour accéder aux billets consacrés à ce thème.
Aujourd’hui, à quelques semaines de la fin de l’année, et  juste après la réunion de Nagoya ( Japon) où 200 pays étaient représentés, c’est un bref rapport d’étape que je veux dresser.
Ma première impression est que cette campagne, malgré les efforts déployés par les initiateurs et les associations écologistes, n’a pas atteint complètement l’objectif visé.
C’est ainsi que le sommet de la biodiversité de Nagoya semble ne pas avoir attiré suffisamment l’attention de la population.
Plus positif que le sommet de Copenhague sur le réchauffement climatique, ( ce n'était pas difficile ) celui de Nagoya a débouché sur un plan en 20 objectifs à l’horizon 2020.
Afin de  ralentir la disparition des espèces, la politique de protection de zones terrestres et maritimes va être amplifiée par la création de nouvelles zones protégées et l’extension de certaines zones existantes.
Une mesure réclamée par les pays en développement va voir le jour : il s’agit d’un nouveau système de partage des bénéfices réalisés par les industries pharmaceutiques qui exploitent les ressources  végétales et animales, principalement dans les pays du Sud.
Une fois encore, il faut regretter le refus des USA de signer cet accord qui ne règle pas le problème du déclin de la biodiversité mais constitue une petite avancée.





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