Dans son village, l’abbé Monin était un homme estimé. Au-delà du cercle des fidèles fréquentant son église, ceux qui pratiquaient une autre religion, les agnostiques, les libres penseurs l’appréciaient aussi.
Il faut dire que l’abbé Monin n’était pas un curé comme les autres. Sa foi religieuse n’était pas inébranlable. Le doute s’était insinué en lui une trentaine d’années plus tôt, alors qu’il prononçait un sermon sur la résurrection. Cela était arrivé brutalement, de manière sournoise : les habits qu’il portait, les gestes qu’il faisait presque machinalement, les mots qu’ils prononçaient, tout lui était apparu vain, voire ridicule.
Plus d’une fois, il avait failli abandonner sa mission. Ce qui l’avait retenu, c’était la conviction qu’il apportait aux gens une espérance, un réconfort. Il s’était dit qu’il n’avait pas le droit de les décevoir.
Si l’abbé n’espérait pas connaître plus tard le paradis, il s’évertuait à améliorer le sort de tous ceux qui souffraient sur terre : il défendait la cause des sans-papiers, s’indignait de voir son pays chasser les réfugiés, stigmatiser les Roms, les gens du voyage, il n’hésitait pas à crier sa colère devant toutes les injustices qu’il constatait chaque jour.
Pour l'abbé Monin l’heure de la retraite allait bientôt sonner. Il n'appréhendait pas l'avenir : il savait qu' il continuerait son combat.
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