LA LOIRE EN AUTOMNE |
On
ne connaît pas les fleuves en lisant les livres de géographie. Si
l’on veut les comprendre, il faut voyager et les suivre de la
source à la mer.
Parmi
les quatre grands fleuves français, la Loire est celui que je trouve
le plus beau. C’est aussi celui que je connais le mieux. De sa
source à l’estuaire, à pied, à vélo, en voiture ou en train, je
l’ai longée, cherchant pendant des années à percer ses secrets.
" Les
sources naissent des pierres.
Elles
ont, dans l'herbe,
Le
goût des framboises."
écrivait
Blaise Cendrars.
D'abord
la Loire n’est qu’un maigre filet d’eau au Mont Gerbier-de-Jonc ; elle grossit pour devenir un fleuve fougueux avant de s’assagir
en arrivant à Orléans.
Puis
elle poursuit son chemin, traverse villages et villes que dominent
maints châteaux et se dirige vers l’océan.
Elle
n’est plus alors le fleuve sauvage qu’aiment les poètes, la
Loire de Maurice Genevoix qui affirmait avoir, grâce à elle
avoir « accédé dans l’enfance au sentiment de la beauté ».
Elle
a perdu la fougue que lui avait donnée la montagne, elle a alors un
autre visage, elle s’est assagie. Elle est devenue majestueuse, et
les grands ponts qui l’enjambent s’intègrent parfaitement au
paysage.
C'est
là que la beauté de la Loire s'apprécie le mieux, entre Blois et
Angers. Elle
flâne alors au milieu des vignes et des châteaux dans une
atmosphère douce et légère, à l'image des vins qu'on y produit.
Ce
long
fleuve envoûtant a
failli perdre son âme au
début des années 70
quand
des
projets de barrages ont
vu le jour. Pendant
vingt ans,
les militants de SOS Loire
Vivante ont
combattu
ces
projets.
Grâce à eux et aux milliers de personnes qui les ont soutenus, le
projet de barrage de Serre de la Fare a été annulé en
1971. La
prévention des crues s'est mise en place, le patrimoine naturel a
été préservé et le saumon a fait son retour.
Les défenseurs de la nature l'ont emporté sur les maîtres du béton et la Loire a gardé son caractère.