Les événements qui se déroulent en Tunisie et en Egypte sont importants. Le monde issu de la seconde guerre mondiale, dominé par deux blocs antagonistes, avait longtemps paru figé, avant d’être secoué par la chute du communisme dans l’Europe de l’Est. Puis nous sommes entrés dans une période de turbulences où les conflits venaient de différents points de la planète et où la menace principale semblait être la montée de l’intégrisme religieux et du terrorisme.
Dans ce système d’équilibre fragile, les pays riches fermaient les yeux, non seulement pour des raisons diplomatiques mais aussi au nom des intérêts économiques nationaux, sur les dictatures qui sévissent ici et là, à travers le monde.
Le peuple tunisien et le peuple égyptien, lassés des atteintes à la démocratie, des difficultés rencontrées dans leur vie quotidienne, du chômage permanent, ont choisi de se rebeller pour retrouver leur liberté et leur dignité de citoyens.
On ne peut que leur souhaiter de tout cœur de réussir dans leur entreprise. Mais l’Histoire et la pensée complexe nous incitent à la prudence. L’une et l’autre nous ont appris que le résultat de telles révoltes ne pouvait être apprécié que sur le long terme. En introduisant le principe de rétroaction dans sa réflexion, la seconde n’élude pas les événements, les réactions qui peuvent contrarier l’action primitive.
Mais d’ores et déjà, ces deux peuples ont remporté une première victoire, en faisant vaciller un pouvoir que les fatalistes croyaient inébranlable.