Photo : Ramon CIURET
Évasion (début XXe siècle) FIG. Fait d’échapper à une contrainte, à la monotonie ou aux fatigues de la vie quotidienne. Évasion hors de la réalité par le sommeil, le rêve, la lecture, lit-on dans le Robert.
Pendant ce mois d’août, la Rumeur du temps prend un air de vacances en abandonnant les rubriques habituelles pour aborder un thème de circonstance : l’évasion.
Je remercie Ramon CIURET, de Mulhouse, dont vous avez déjà pu apprécier le talent les étés précédents. Tous les billets publiés ce mois-ci sont inspirés par ses photos.
I. PARTIR
1. LE TRAIN
Aujourd’hui la plupart de ceux qui partent en vacances en France prennent leur voiture.
Dans la première moitié du XXe siècle, on partait plutôt en train ; ce n’était pas un réflexe écologiste mais une obligation. Seuls ceux qui vivaient confortablement pouvaient s’offrir une
auto.
Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai fait mes premiers voyages en train. C’est un mode de transport que je n’ai jamais abandonné car c’est celui qui me procure le plus de plaisir.
Le train excite l’imagination. On ne compte plus le nombre de films dans lesquels le train tient une large place : des méchants s’y cachent, des policiers les poursuivent ; dans l’intimité d’un compartiment, des couples s’aiment ou se déchirent.
Le train a inspiré les poètes. Dans le poème La Victoire, Apollinaire écrit :
« Ô mon amie hâte-toi
Crains qu'un jour un train ne t'émeuve
Plus
Regarde-le plus vite pour toi»
Des écrivains lui ont rendu hommage, Zola par exemple ( dans La bête humaine)
Aujourd’hui encore, l’apprenti romancier rêvant sur sa banquette imagine qu’une jeune fille va venir s’asseoir en face de lui, qu’elle va ouvrir un livre et qu’il entamera une conversation avec elle...
Des poètes en herbe bercés par le bruit lancinant des roues qui effleurent le rail voient naître des bribes de poèmes.
Car le train ne se contente pas de transporter des hommes et des femmes. Il les fait aussi rêver.
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