Un article lu dernièrement dans la presse régionale m’a ramené à la triste réalité. Quelques semaines avant Noël, le journal faisait une grosse publicité pour le foie gras qu’on trouverait sur de nombreuses tables du réveillon (sauf celles où la pauvreté ne permet pas de festoyer et celles où l’on se refuse à participer au massacre de fin d'année).
Les personnes qui perpétuent la tradition au nom de la gastronomie savent-elles qui est un canard ?
Je l’ai compris quand j’avais une dizaine d’années.
Un jour, mon père avait eu l’idée d’élever quelques canards.
Au fond du jardin, il construisit un enclos suffisamment grand pour abriter quatre ou cinq volatiles.
L’endroit était idéal pour mener une belle vie de canard. Il y avait à côté de l’enclos un bosquet et, quelques mètres plus bas, une rivière.
Les oiseaux ne restaient pas enfermés toute la journée, ils se promenaient librement et rentraient le soir. Bientôt ils s’enhardirent en montant sur le perron et de temps en temps ils venaient nous retrouver jusque dans la cuisine.
Nous avons vite compris que ces canards étaient affectueux et intelligents. Nous nous sommes attachés à eux. Bien sûr, il ne fut pas question de les tuer.
Un canard qui vit dans de bonnes conditions peut vivre ainsi une vingtaine d’années.
*
Quelle est la vie d’un canard qu’on élève pour son foie ?
Pour le journaliste, la fermière, fièrement, a donné tous les détails :
- Les poussins arrivent à la ferme à l’âge de deux jours, ils restent enfermés pendant trois semaines puis on les laisse sortir. Quand ils ont atteint l’âge de trois mois, commence la phase du gavage qui va durer deux semaines, deux fois par jour, tôt le matin et en fin d’après- midi.
Alors on les tue.
Ce que la dame ne dit pas : l’épreuve du gavage qui consiste à forcer l'animal à se nourrir en lui enfonçant un long tube jusqu'à l'estomac est une pratique barbare qui provoque douleur et maladie. Il arrive fréquemment que le foie atteigne une taille dix fois supérieure à la taille normale.
Ce sont deux semaines de souffrances atroces pour les canards dont la vie brève s’arrête ainsi à l’âge de trois mois et demi.
La tradition et l’intérêt économique ne justifient pas cette barbarie exercée sur des êtres sensibles.
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