Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs personnels et la théorie.
n° 24
Le rôle de l’histoire est fondamental dans la formation du citoyen. Elle contribue fortement à comprendre le présent.
Or, en matière d’histoire, les repères que les générations précédentes possédaient manquaient d’objectivité et la méthode utilisée relevait plus du récit ( une suite d’histoires) que de l’analyse). C’est ainsi qu’au début du 20e siècle, l’Histoire de France de Jacques Bainville, journaliste proche de Maurras était très prisée. Il est révélateur qu’un autre journaliste, Zemmour, se réfère à cet auteur en 2014. C'est aussi une référence inquiétante.
Il est temps de construire de nouveaux repères, fidèles à la vérité historique et qui traduisent l’évolution de l’Histoire. Des repères porteurs d'espoir.
Aux débuts de l’école laïque, les élèves des écoles primaires ont eu droit à des leçons d’histoire dès le cours élémentaire. Trop jeunes pour maîtriser la notion du temps sur une période aussi longue que l’histoire de l’humanité, les élèves recevaient un enseignement caricatural de l’histoire se résumant à l’étude de personnages marquants ( Vercingétorix, Clovis, Charlemagne, Henri IV, etc…) et d’évènements importants ( les grandes découvertes, les guerres, la Révolution, le colonialisme…).
Les dates étaient les principaux repères.
Cette conception de l’histoire se prolongeait au collège et au lycée. On ajoutait seulement des informations plus précises.
Depuis plusieurs décennies, l’influence de grands historiens tels que Fernand Braudel, Georges Duby, Emmanuel Leroy- Ladurie a permis de présenter l’histoire sous un autre angle, beaucoup plus fécond, en la reliant à d’autres paramètres géographiques, sociaux, économiques, culturels, en s’intéressant davantage à l’organisation sociale. Il ne s’agissait plus alors de faire appel seulement à la mémoire, l’essentiel est devenu de chercher à comprendre.
Aujourd’hui, s’il est toujours intéressant de connaître l’histoire de son pays, on est obligé d’intégrer celle-ci à celle des autres pays. C’est d’abord une histoire de l’Europe qui s’impose pour ensuite aboutir à une histoire de l’Humanité.
Je ne prendrai que deux exemples liés à l’actualité pour illuster ce propos.
Le magazine l’Histoire consacre dans son numéro de décembre un dossier à Charlemagne, mort en 814. On y explique qu'on ne peut considérer celui-ci comme un personnage français mais comme un Européen. Il est né, pense-t-on, près de Senlis, ses racines sont entre Metz et Aix-la-Chapelle où il avait sa résidence (*). Il a aussi régné en Belgique, aux Pays-Bas). Plusieurs pays partagent donc son histoire.
Nous célébrons cette année le centenaire du début de la Grande Guerre. J’étais le 11 novembre à Etaples (62) dans le cimetière où reposent environ 11 100 soldats morts entre 1914 et 1918. Sur un mur étaient inscrites les nationalités des victimes. Il y avait des Britanniques (8817), des Canadiens (1145), des Australiens, des Néo-Zélandais, des Sud- Africains, des Indiens, des Belges et des Allemands.
Les uns venus du monde entier pour sauver la liberté des Français, les autres obligés d’obéir.
L’histoire, de nos jours, ne peut se limiter au cadre étroit de la France. Elle doit traduire notre appartenance à la même planète.
* Source Rolf Grosse interrogé par l’Histoire