Repères : une série de billets qui présentent de manière synthétique les questions de notre temps ; des réflexions basées sur l'observation, l'expérience, les souvenirs personnels et la théorie.
n° 22
n° 22
Dans l’esprit du jeune qui souhaite devenir journaliste, ce métier représente l’aventure, l’ouverture sur le monde, la liberté. La réalité aujourd’hui est sans doute bien moins séduisante.
Journaliste est un métier qu'il est difficile de définir car il a multiples visages. Il y a peu de points communs entre le reporter de guerre et celui -ou celle - qui lit sur un prompteur des nouvelles concernant des faits dont il n'a rien vu.
C'est aussi un métier que certains pratiquent, curieusement, sans avoir fait les études adaptées. Imagine-t-on un médecin, une infirmière qui n’auraient pas de diplôme ?
C’est un métier difficile car nous vivons dans un monde sans repères, sans morale, sans respect.
Autrefois, sur le terrain, les reporters de guerre bénéficiaient de certaines règles qui les protégeaient plus ou moins ; de nos jours, ils sont à la merci de la barbarie de certains combattants : parfois pris en otages, assassinés sauvagement dans l’accomplissement de leur mission qui consiste à observer, témoigner, interroger pour porter une information honnête dans le monde entier.
C’est un métier dans lequel celui qui fait sérieusement son travail peut brutalement être remercié pour avoir déplu au prince.
Il y a quelques mois, Hervé Kempf qui suivait pour le Monde le dossier de l'aéroport de Notre Dame des Landes, se vit reprocher les investigations qui l'avaient poussé légitiment à critiquer ce projet. Son journal ne voulut pas qu'il continue l'enquête.
Hervé Kempf décida de cesser sa collaboration au Monde.
D'autres journalistes ont fait le même choix dans le passé. Mais la plupart - qu'ils travaillent dans la presse écrite, à la radio ou à la télé - subissent des pressions qui viennent du monde politique ou économique. Ils cessent de faire un véritable travail d'investigation qui permet d'apporter à ceux qui les lisent ou les écoutent les éléments qui les aideront à se forger leur propre opinion. Cela donne un journalisme aseptisé, uniformisé, qui consiste à présenter en quelques minutes, voire quelques secondes, des faits qui défilent les uns après les autres, sans être approfondis.
Peut-on encore appeler cela du journalisme ?
Hélas non. Et pourtant, une démocratie vivante a besoin d'une information non tronquée.
L’idée de liberté de la presse est née en France avec la Révolution de 1789, elle a été établie officiellement en 1881. En ce début de siècle, elle rencontre encore de nombreux obstacles.
On voit ainsi différents métiers ( les instituteurs, les journalistes...) qui auparavant bénéficiaient du respect des gens et sont de nos jours victimes de menaces, d’injures, parfois de coups.
Cette évolution négative des mœurs est un mauvais signe pour l’avenir de la démocratie.
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