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jeudi 13 novembre 2014

Le drame de Sivens : décryptage

Maintenir la biodiversité
Le drame qui s’est produit à la fin d’octobre dans le département du Tarn - la mort de Rémi Fraisse étudiant de 21 ans - ne doit pas se perdre dans la masse des évènements dont parlent pendant quelques jours  les télés d’infos en continu avant de passer à autre chose, sans que l’analyse des faits ait été faite. 

Il ne faut pas oublier ce drame qui marquera le mandat du président Hollande ; il est une faillite de la démocratie qui ne parvient pas à gérer les différends,  la conséquence  d’une série d’erreurs. 
Un innocent est mort d’avoir voulu défendre l’environnement. Il a été tué par une grenade qu’un gendarme avait lancée. Cela n’aurait jamais dû se produire.

Le contexte
Le conflit survenu  à propos  du  projet de barrage de Sivens est arrivé  après  deux décisions  gouvernementales qui étaient en contradiction avec les intentions annoncées par le gouvernement ( l’engagement  dans le processus  de la transition écologique).

- Il y a eu d’abord la volonté de poursuivre le projet de l’aéroport  de Notre-Dame des Landes, projet  coûteux, nuisible à l’environnement et inadapté à l’avenir du transport aérien.
- Puis ce fut, suite aux manifestations des « bonnets rouges», l’abandon  de l’écotaxe qui aurait permis de financer des projets permettant de  réduire la circulation des camions..
Enfin est venue l’acceptation du barrage sur  le Tescou, vieux projet que les experts ont jugé surdimensionné;

Trois dossiers, trois  renoncements, et une mauvaise appréciation de l’importance des enjeux écologiques.

Des coïncidences révélatrices
Deux évènements se  sont télescopés à la fin du mois d’octobre :
- le décès accidentel de M. de Margerie, patron d’une multinationale  pétrolière bien connue pour porter peu d’intérêt à l’écologie, responsable de la marée noire qui toucha  la côte bretonne en 1999. Ce grand patron  eut droit à un hommage quasi national auquel prirent part le chef de l’Etat, le Premier Ministre et  plusieurs ministres dont celui de l’Intérieur. 
- Rémi Fraisse, militant écologiste, mort pour avoir voulu défendre la biodiversité, n’eut droit dans les heures qui suivirent son décès à aucun mot de compassion de la part des hauts responsables de l’Etat.
Plus grave encore, on tenta de nuire à la réputation de  ce militant  pacifique  en entretenant  la confusion sur sa personnalité. Certains dirent même qu’il avait sur lui la nuit de sa mort un cocktail Molotov!

Le point de vue écologiste
La position des écologistes ( spécialistes, militants associatifs et politiques) hostiles au projet est légitime. Elle tient compte de la situation environnementale mondiale et locale qui nécessite de combattre le déréglement climatique, de respecter la biodiversité déjà très appauvrie et d’économiser l’eau.
Le site de Sivens comportant une zone humide qui joue un grand rôle dans les équilibres écologiques, cette zone doit être impérativement préservée.

L'avenir  des agriculteurs
On comprend leur inquiétude : les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes ( de même que les périodes d’inondations - signes du déréglement). Dans les prochaines années, les perturbations seront plus graves encore, avec une augmentation de la température de 2 degrés au minimum et peut-être de 4 degrés.
Ils doivent comprendre que la construction d’un barrage ne résoudra pas durablement leurs problèmes car ce serait une fuite en avant, une opération coûteuse, contraire à l'intérêt général. 
La sagesse et l’efficacité consisteraient à aider ces agriculteurs à abandonner la culture du maïs qui réclame beaucoup d’eau pour s’orienter vers des cultures variées, adaptées à l'évolution du climat et ne nécessitant pas de nombreux arrosages.

Il reste un aspect que je ne traite pas car il relève de la justice : c’est celui des responsabilités. Bien sûr nous attendons tous que la vérité soit connue de tous.

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