Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but de faire entendre « la rumeur du temps présent ».
Un climat malsain
Depuis quelques jours, il y a dans ce pays un climat délétère et vous l’aurez compris, le climat dont je parle n’est pas celui qui réunit en ce moment dans la région parisienne les dirigeants de 195 pays du monde et les invités de la Conférence, il s’agit de l’ambiance qui règne en ce moment à la suite de l’instauration de l’état d’urgence.
Certes il n’est pas question de nier qu’après les massacres du 13 novembre, une certaine prudence s’impose dans les déplacements et les rassemblements. Mais on peut aussi comprendre ceux qui disent qu’il ne faut pas laisser penser aux terroristes qu’ils ont gagné ; pour cela il faut continuer à vivre normalement..et à exercer ses droits de citoyen.
La gestion de l’état d’urgence par le gouvernement est curieuse : d’un côté, il autorise des manifestations regroupant des milliers de personnes ( marchés de Noël, matchs de football...), de l’autre il interdit celles qui ont été préparées par des militants qui ont bien compris - comme ils l’ont écrit ces derniers jours sur leurs pancartes que l’urgence, c’est aussi le dérèglement climatique qui touche l’humanité tout entière.
D’autre part, une vingtaine de militants écologistes ont été assignés à résidence parce qu’on leur reproche d’avoir mené dans le passé des actions contre des projets contraires aux objectifs de la transition énergétique ( aéroport de Notre-Dame-des-Landes, enfouissement de déchets nucléaires à Bure...).
Deux poids, deux mesures, qui montrent que la sécurité des personnes n’est qu’un prétexte ; en réalité c’est l'expression citoyenne qu’on veut étouffer. Amnesty International et la
Ligue des Droits de l’Homme n’ont pas été dupes, les deux organisations ont dénoncé les atteintes aux libertés individuelles :
« Il est plus que jamais nécessaire de permettre aux habitants de ce pays de pouvoir exercer les droits attachés à la citoyenneté, qui caractérisent l’existence dans une démocratie sociale, en n’interdisant pas tout débat et toute expression publique », a déclaré la LDH qui a rappelé à cette occasion que les enjeux climatiques et ceux des réfugiés climatiques “ seront bien pires à résoudre que ceux rencontrés aujourd’hui vis-à-vis des réfugiés politiques fuyant les guerres en cours ! ”
On a pu apprécier ce week-end l’inventivité des militants écolos qui ont réussi à se faire entendre malgré l’interdiction des marches prévues, en organisant des chaînes humaines pour le climat, des dépôts de chaussures, des actions sur les réseaux sociaux pour interpeller les dirigeants du monde ...
L’intrusion dans ces manifestations pacifiques de quelques individus cagoulés n’a pas réussi à brouiller le message de ceux qui veulent un véritable changement pour éviter la catastrophe que le vieux monde a préparée.