Quelques
jours avant la rentrée, mon petit-fils qui a neuf ans disait avec
humour :
-
J’aime bien l’école, surtout le premier jour !
Cette
phrase résume bien la magie des rentrées scolaires où tout paraît
neuf, où l’on a l’impression de prendre un nouveau départ alors
qu’on est dans la continuité d’un parcours.
Beaucoup
d’adultes ont la nostalgie des rentrées des classes de leur
enfance.
C’est
ainsi que René-Guy Cadou évoquait dans le poème Automne
sa joie de retrouver l’école après de trop longues vacances. Et
dans son cas, la situation était particulière puisqu’il vivait
dans l’école où enseignaient ses parents (lui-même deviendrait
plus tard instituteur) :
«
Odeurs des pluies de mon enfance,
Derniers
soleils de la saison !
...
La
vieille classe de mon père,
Pleine
de guêpes écrasées,
Sentait
l'encre, le bois, la craie
Et
ces merveilleuses poussières
Amassées
par tout un été. »
L’émotion
et l’appréhension ne touchent pas seulement les élèves ; le
professeur débutant les
connaît
lui aussi.
Le premier contact avec une classe
est toujours un exercice
redouté ; partagé entre l’enthousiasme
et la peur
d’échouer, il doit trouver la juste voie pour
se faire respecter et faire aimer l’école à tous.
Des
rentrées différentes
Au
fil du temps, les rentrées ont changé parce que la société n’est
plus la même. Si l’école qu’évoquait René-Guy Cadou et celle
que j’ai connue lors de ma première rentrée en
tant qu’élève, quelques
années après la seconde guerre, avait
peu évolué dans son esprit et ses objectifs (un enseignement
donnant les bases fondamentales pour mener la majorité des élèves
au certificat d’études) et dans ses détails (les filles et les
garçons séparés, l’instituteur en blouse grise, l’encrier et
le porte-plume, le tableau noir et la craie…), elle
connut, à partir des années
70, une
transformation importante : tous les élèves entrèrent au
collège quel que soit leur niveau, les classes devinrent mixtes, le
stylo bille et le matériel informatique apparurent. Alors
que les réformes manquaient
de clarté, les
problèmes sociaux pénétraient
davantage au sein de l’école et
peu à peu,
le doute s’est installé parmi les enseignants, les parents et les
élèves.
L’instituteur
de la première moitié
du 20e
siècle encourageait
ses élèves en affirmant que faire de bonnes études leur
permettrait de trouver plus
tard un bon travail.
Le
professeur de 2016 doit apprendre à gérer l’incertitude.
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