Un Salon qui sonne faux
Le salon de l’Agriculture – ce grand show
qui sonne faux tant il reflète peu la réalité – vient de s’ouvrir dans une
ambiance particulière car de nombreux agriculteurs, notamment les éleveurs,
manifestent depuis plusieurs semaines leur colère.
Que les jeunes
fortement endettés souffrent, c’est vrai. Que le nombre de suicides soit
supérieur à celui des autres professions est un constat inquiétant.
Les agriculteurs
réclament un soutien plus fort de l’État, les éleveurs
voudraient que le prix du kilo de viande soit plus élevé. Ces revendications,
même si elles aboutissaient, n’auraient aucun effet durable sur leur situation.
Le système
agricole actuel n’est plus viable. La FNSEA se trompe, le ministre de
l’Agriculture aussi ; ni l’une ni l’autre ne veulent voir la vérité en
face ; ils ne prennent pas en compte les impératifs de la transition :
la question écologique, et en ce qui concerne l’élevage ils ne veulent pas voir
l’évolution des mentalités, le refus de la souffrance animale. Campant sur des
positions rétrogrades, ils ne préparent pas le futur, ils continuent d’ignorer
ce que la revue Sciences et Avenir écrivait à son tour dans son dernier numéro :
le végétarisme ou une diminution forte de la consommation de viande « apparaît
de plus en plus incontournable dans un avenir proche. »
Cet aveuglement
rend triste car nous savons tous que nous avons besoin des agriculteurs, non
seulement en France mais dans le monde entier.
Continuer de
penser l’agriculture en se retournant vers la logique désastreuse des Trente
Glorieuses, refuser d’entrer dans le processus de la transition qui marquera la
première moitié du 21e siècle, c’est prendre une voie sans issue.
Pourquoi, chaque
année, s’enfoncer dans les illusions d’un Salon inutile ?