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mercredi 10 février 2016

n° 1036 : Langue française, Orthographe





Les réseaux sociaux se sont enflammés ces derniers jours à propos d’une supposée réforme de l’orthographe. En réalité, des manuels scolaires ont choisi d’appliquer  les rectifications orthographiques proposées  en 1990 afin de rendre plus simple l’orthographe de  certains mots ou de supprimer certaines incohérences. Ces rectifications faisaient suite à   un rapport du Conseil supérieur français de la langue française.

Laissons d’abord de côté la polémique sur la baisse du niveau des élèves d’aujourd’hui en orthographe, aucune étude scientifique ne permettant un jugement serein. J’ai lu des lettres écrites à la fin du 19e siècle et au début du 20e. Les unes contenaient très peu de fautes, d’autres en été remplies. 
Madame de Sévigné massacrait l’orthographe, cela ne l’a pas empêchée d’être reconnue pour ses qualités littérataires.
L’orthographe et les langues en général doivent-elles rester figées ? Bien sûr que non, elles n’ont cessé d’évoluer à travers les siècles. Des milliers de mots ont été intégrés dans le français contemporain à la suite d’inventions, de découvertes, de faits sociaux nouveaux (abribus, francophonie, marketing, répondeur...).

L’orthographe n’a jamais cessé de subir des modifications. Voici un extrait de la Ballade des pendus de François Villon (1431-1463):
Frères humains qui apres nous vivez 
N'ayez les cuers contre nous endurciz, 
Car, se pitié de nous pauvres avez, 
Dieu en aura plus tost de vous merciz. 
Dans ces quatre vers,  six mots ont évolué.

En voici un autre. Il s’agit d’un passage  de la Vertu aimable de Montaigne( 1563- 1592) tiré des  Essais  : 
La plus expresse marque de la sagesse, c'est une esjouissance constante : son estat est comme des choses au dessus de la lune, tousjours serein. C'est Baroco et Baralipton, qui rendent leurs supposts ainsi crotez et enfumez ; ce n'est pas elle, ils ne la cognoissent que par ouyr dire. Comment ? elle faict estat de sereiner les tempestes de l'ame, et d'apprendre la faim et les fiebvres à rire... Elle a pour son but, la vertu : qui n'est pas, comme dit l'eschole, plantée à la teste d'un mont coupé, rabotteux et inaccessible. 
Dans ce texte, on compte 17 changements par rapport à notre époque.
Ces deux exemples montrent bien des évolutions. Pourquoi faudrait-il aujourd’hui s’interdire certaines rectifications ?

L’orthographe, malgré son importance, ne doit pas être un critère déterminant de sélection pour réussir des  examens donnant accès  à certaines professions. Par contre lorsqu’il s’agit d’enseignants, d’écrivains, on attend d’eux qu’ils maîtrisent la langue non seulement écrite mais orale.

De nos jours, c’est plutôt l’appauvrissement de la langue, l’utilisation d’un vocabulaire plus restreint, les libertés prises avec la prononciation qui devraient inquiéter. 
Quand dans la bouche d’un journaliste, le Parc des Princes devient le Parque des Princes, quand un autre annonce une tempête dans l’este   de la France, ce ne sont pas seulement les oreilles qui souffrent. 
Les auteurs  qui massacrent la langue française en ne respectant pas ses règles sont plus blâmables que l’élève qui fait une faute au mot chlorophylle.

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