Vivre l’instant présent sans se soucier du lendemain. L’idée est ancienne. Horace, Épicure, préconisaient déjà cela avant notre ère.
La littérature est la plupart du temps le reflet de l’époque qu’ont connue les auteurs. Au fil des siècles, la légèreté, la joie de vivre n’ont pas toujours inspiré les poètes.
Au Moyen-Âge, l’espérance de vie était courte. Le plus grand poète du 15e siècle, François Villon, regrettait sa jeunesse alors qu'il avait à peine trente ans. À cette époque, c’était normal. D’autre part, son style de vie ne lui inspirait pas des odes à l’amour. Il connaissait mieux la hantise du gibet.
La Renaissance est la période qui a chanté le plus le désir de profiter du temps présent :
“ Cueillez, cueillez votre jeunesse”, c’est le conseil que donnait Ronsard à Cassandre.
Souvent le désir était accompagné de sagesse :
“ Celui n’est pas heureux qui n’a ce qu’il désire,
Mais bienheureux celui qui ne désire pas
Ce qu’il n’a point...” (Rémi Belleau).
Au siècle suivant, Corneille traite le thème de la fuite du temps avec cruauté et une certaine arrogance ( il pense que ses vers, eux, ne vieilliront pas) :
“ Marquise si mon visage
A quelques traits un peu vieux
Souvenez-vous qu’à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.”
Le 18e siècle renoue avec l’épicurisme. Les philosophes invitent à cueillir le temps présent, mais de manière raisonnable. Le temps est à la réflexion, à la tranquillité de l’esprit.
Avec les Romantiques, c’est le mal-être des individus qui domine. Les jeunes auteurs ont l’impression de vivre dans “un monde en ruines”. Musset et Lamartine chantent la mélancolie, la nostalgie, “ le spleen”. Avec Baudelaire - nourri de romantisme - on ne parle plus de jeunes filles en fleurs mais de femmes dans leur tombe.
Le 20e siècle a connu trop d’épreuves - deux guerres mondiales, le nazisme, Hiroshima - pour que la littérature ne soit pas imprégnée de gravité.
“ Où en suis-je aujourd’hui ? Je ne sais au juste...
Ce n’est pas moi qui ai simplifié les choses, mais les choses horribles m’on rendu simple...” écrit René Char à son ami André Breton, en 1947.
Dans la seconde moitié du siècle, de nombreux auteurs sont désenchantés.
Dans la seconde moitié du siècle, de nombreux auteurs sont désenchantés.
Il est trop tôt pour savoir de quel côté penchera le 21e siècle. Retour à l’épicurisme ? Nouveau romantisme ? Cela dépendra de l’évolution de la société et de l'état du monde.
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