Coup de cœur, cette nouvelle rubrique
veut mettre en valeur des gens, des œuvres, des lieux, des faits qui, dans
le monde rude d’aujourd’hui, réconfortent et apportent des moments appréciables
de bonheur.
Carmen, la gitane
Prosper Mérimée (1803-1870) est connu
pour avoir écrit de nombreuses nouvelles (par exemple Colomba qui raconte
l’histoire d’une vendetta), mais aussi des essais
historiques et des récits de voyages.
De lui on se
souvient surtout aujourd’hui de la fameuse dictée pleine de chausse-trapes…et
de Carmen, une nouvelle écrite en 1845 et publiée en feuilleton dans la Revue
des deux Mondes.
L’histoire se passe
en Andalousie. L’héroïne est une jeune gitane d’une grande beauté, une rebelle
qui fréquente des contrebandiers. Le brigadier Don José chargé de la conduire
en prison tombe sous le charme de la bohémienne ; il la laisse
s’échapper, devient bandit par amour. Mais Carmen est une femme libre. Don José
l’apprend à ses dépens. Fou de jalousie il finit par la tuer.
Qui aurait pu imaginer
que cette héroïne allait susciter un formidable engouement dans le monde entier, comparable à celui pour Esméralda, gitane elle aussi, née de l’imagination de Victor Hugo
quelques années plus tôt, en 1831 ?
CARMEN, par HL DOUCET, 1884 |
Une chose est
certaine : c’est l’opéra de Georges Bizet composé en 1875 qui a contribué à
créer la légende de Carmen. Bizet n’a pu connaître le succès retentissant de
son œuvre : il est mort quelques mois plus tard, à l’âge de 37 ans.
Pourquoi le
personnage de Carmen est-il si envoûtant ?
Au 19e siècle, une femme issue de la communauté gitane intrigue. Elle fascine par sa
beauté, elle étonne une société où la femme est reléguée au second plan, dans l’ombre
du mari. Au 21e siècle, le charme subsiste toujours.
Carmen est une
femme libre, elle ne cesse de le chanter :
« Mon cœur est libre comme l’air !
J’ai des galants à la douzaine,
Mais ils ne sont pas à mon gré.
Voici la fin de la semaine,
Qui veut m’aimer ? Je l’aimerai !
Qui veut mon âme ? Elle est à prendre ! »
Libre et sincère. Elle prévient ses prétendants :
« L'amour est enfant de bohème
Il n'a jamais jamais connu de loi
Si tu ne m'aimes pas je t'aime
si je t'aime prends garde à toi. »
Théophile Gautier voyait en Carmen l'incarnation du diable :
« Carmen est maigre, - un trait de bistre
Cerne son œil de gitana.
Ses cheveux sont d'un noir sinistre,
Sa peau, le diable la tanna. »
Je préfère penser qu’elle incarne la femme libérée.
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