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mercredi 30 décembre 2015

n° 1012 - Le spectacle vivant




PHOTO : RAMON CIURET

Pour certaines personnes - une majorité sans doute - les fêtes de fin d’année évoquent une période où l’on offre ( et reçoit) des cadeaux, où l’on se retrouve à table pour faire des repas parfois pantagruéliques, même si une tendance à la sobriété commence à émerger. 
Une autre façon de passer une belle soirée, c’est de prendre le chemin d’une salle de spectacle pour assister à un concert, à un ballet, voir  une pièce de théâtre.

En ce moment, après le concert du Bataclan qui s’est terminé par une tuerie traumatisante, aller au spectacle revêt un aspect particulier ; c’est une façon de vaincre sa peur, c’est un acte de solidarité que l’opération Ma place est dans la salle symbolise.

Plus que jamais les acteurs, les chanteurs, les musiciens, les danseurs, ont besoin d’être soutenus.

Nous vivons dans un monde où les gens sont, les uns accaparés par le travail,  les autres blessés d’être au chômage ou de devoir se contenter de petits boulots, où les problèmes économiques rejettent au second plan la question culturelle.
D’autre part le virtuel ne cesse de gagner du terrain. La vie, les émotions, les réflexions, tout passe désormais par le biais des écrans  : postes de télévision, ordinateurs, téléphones portables…
Dans ce contexte particulier, il est nécessaire de préserver les moyens d’échange traditionnels.
C’est pourquoi il est indispensable de défendre le spectacle vivant, surtout lorsqu’il s’agit d’artistes qui malgré leur talent n’ont pas accès aux grands médias, mais aussi d’amateurs, de bénévoles qui mettent toute leur énergie pour offrir au public des spectacles de qualité.

Les artistes les plus connus ne sont pas toujours les meilleurs. Dans le domaine de la chanson par exemple, les jeunes qui réussissent sont  souvent formatés. Certains d’entre eux  d’ailleurs disparaissent de la scène après quelques succès.

La créativité, l’inventivité se trouvent souvent chez des artistes régionaux qui ont su garder leur spontanéité et leur liberté car ils ne s’enferment pas dans le système guidé par l'appât des bénéfices. 

Soutenons en allant les voir ces artistes authentiques dont la société a tant besoin.

lundi 28 décembre 2015

Regard ( semaine 53)







DEVINER LE SOLEIL SOUS LES NUAGES LOURDS

L’année qui s’achève laissera un goût amer. Si les joies personnelles dues à de belles rencontres, à la naissance d’enfants, à la réalisation de projets...n’ont pas manqué, la communauté humaine a vécu des heures difficiles : la folie, la rage  terroriste, la misère extrême, la dictature ont tué des enfants, des femmes, des hommes, en ont blessé d’autres, ont contraint des milliers d’entre eux à quitter leur pays.
La France n’a pas été épargnée, elle a été touchée par les attentats, elle a vu monter la xénophobie, elle a perdu une partie des valeurs sur lesquelles s’appuie la démocratie.

Elle a connu ses « égarements ». J’entends par là le fait de prononcer des paroles, de mener des actions contraires aux droits de l’Homme, aux conditions qui permettent de vivre ensemble de façon apaisée, elle a connu ses reniements de la part de responsables abandonnant les  valeurs qu’ils prétendaient défendre.
Le maire de Béziers qui fut à la tête de Reporters sans frontières s’est à nouveau égaré en tenant des propos ignobles sur des musulmans qui avaient protégé symboliquement une église le soir de Noël.
Le premier ministre s’est égaré en accusant - on croit rêver - les gens du gauche qui « s’égarent au nom de grandes valeurs en oubliant le contexte.» ( Il faisait allusion, rappelons-le,  à ceux qui s’opposent à l’idée d’enlever la nationalité française aux binationaux auteurs d’actes terroristes.)

Dans ce contexte triste et confus, on peut comprendre ceux qui perdent espoir et se résignent. Il faut les persuader que des signes positifs existent. 

Regardons nos amis espagnols : après quarante ans de dictature franquiste, ils ont réussi à bâtir une démocratie qui vient de montrer il y a quelques jours qu’on pouvait bousculer les partis traditionnels ; ils sont maintenant dans la voie du renouveau.

Tout reste possible. Pour cela il nous faut deviner le soleil sous les nuages lourds.

samedi 26 décembre 2015

n° 1010 - Une photo, une phrase : la grande roue




Tous les photographes ont le réflexe de fixer l’instant qu’ils ont apprécié ou qui les a émus. C'est pourquoi lors de leurs promenades, de leurs déplacements, de leurs voyages,ils emportent  toujours  avec eux  un appareil photo, outil qui ne sert pas seulement à  garder  les images que la mémoire pourrait oublier mais aussi à créer des œuvres originales.

Ramon Ciuret s’est promené dans sa région, dans l’est de la France, pour saisir l’esprit de la fête aux alentours de Noël

La photo : la grande roue

   
    PHOTO : Ramon CIURET

La phrase

Entre les maisons et l’église, au milieu de la place, elle impose sa masse  de métal aux promeneurs ; les uns, de nature peureuse, se contentent de regarder tourner la grande roue, ils aimeraient connaître l’impression ressentie quand elle parvient au sommet de sa course mais n’osent pas franchir le pas, les autres, plus hardis, attendaient son retour depuis des mois pour éprouver ces sensations fortes qui permettent de sortir du train-train quotidien et ils s’installent  dans la nacelle, heureux comme de jeunes enfants qui ouvrent leurs cadeaux le jour de Noël, pour voir à nouveau la ville sous un autre angle.  


vendredi 25 décembre 2015

n°1009 - Un Noël sans neige

  
PHOTO : Ramon CIURET


C’est dans une ambiance particulière que nous sommes entrés dans la période des fêtes de fin d’année.
D’abord à cause des évènements douloureux qui se sont déroulés en France et dans le monde ces derniers mois. Et puis à cause de la douceur du temps que nous avons actuellement, douceur qui nous éloigne des hivers traditionnels, ceux des contes et des légendes, ceux qui inspiraient les poètes :

" Ô neige, toi la douce endormeuse des bruits
Si douce, toi la soeur pensive du silence,
Ô toi l'immaculée en manteau d'indolence
Qui gardes ta pâleur même à travers les nuits..."
( Georges Rodenbach)

Il n’y a pas si longtemps, Noël, c’était pour les enfants l’espoir de voir le paysage se cacher sous une belle couche de neige et la joie de regarder, émerveillé, dans la nuit claire  la multitude des étoiles qui semblaient briller davantage que d’habitude, c’était le plaisir de courir dans la neige, la tête couverte d’un bonnet de laine, les mains protégées du froid par des moufles qu’une délicieuse grand-mère  avait tricotées, les batailles de boules de neige, le bonhomme qu’on espérait ne pas voir fondre trop vite...

Faudra-t-il  désormais s’habituer au cours perturbé  des saisons ou aura-t-on la volonté d’agir pour que la nature retrouve les cycles d’antan ? Nul ne le sait à ce jour.

Cependant, nous devons continuer d’offrir  aux enfants d’aujourd’hui des occasions  de rêver, de s’émerveiller comme leurs parents, leurs grands-parents avaient pu le faire.

Des promenades le soir dans la plupart des villes, qu’elles soient grandes ou petites, apportent un peu de rêve. En marchant dans les rues illuminées, on découvre des sapins lumineux, des demi-lunes bleues, des étoiles de toutes les couleurs.
Certes la neige n’est pas là mais on retrouve en marchant dans la ville un peu de la magie de Noël.

mercredi 23 décembre 2015

n° 1008 - Une certaine idée du bonheur (2)


2. Un instant de bonheur


Mille images du passé jaillissent de ma mémoire. 
( On garde de préférence les plus douces mais on ne peut effacer celles qui vous ont fait mal.)
Un enfant parcourt la campagne avec son grand-père. Un président est assassiné. La naissance d'un fils puis d'un second. De jeunes femmes belles meurent au printemps, comme des héroïnes de Jan Wolkers*.
Images confuses ressurgies de l'enfance, de la jeunesse, images que le temps n'a pas encore déformées.
Qu'on ne s'y trompe pas. Je ne me tourne pas vers elles par nostalgie, par goût exclusif des souvenirs.
Il faut vivre l'instant présent. 
Je vais vers elles pour comprendre le monde et  y trouver un art de vivre.
                                                      *
C'était un bel après-midi de juillet. Nous nous promenions sur la plage. Nous nous sommes assis sur un rocher et nous avons longtemps parlé...
Nous avons parlé de tout, de son pays, du monde, du bonheur.
Je lui parlais et elle m'écoutait. Elle donnait son avis et j'allais avec ravissement à la rencontre d'un autre être.
Il est important d'être écouté. Il est important d'écouter l'autre. L'écouter pour chercher à le comprendre et l'accepter tel qu'il est.
Ainsi commence l'échange, ainsi au moment où l'échange s'établit, vit-on un instant de bonheur.

( Images vues, introduction - 1975 )
* Wolkers : grand écrivain et artiste néerlandais ( 1925 - 2007)

NOTES ( 22 décembre 2015)

1. Le bonheur personnel ne peut être bâti sur l’égoïsme, on ne peut être indifférent aux évènements extérieurs. C’est ce que j’ai exprimé dans un texte publié en 2011, Quand minuit sonnerait, dont voici un extrait :

( A vingt ans nous étions / des rêveurs indolents
et puis le temps / nous a appris
à écouter le monde )

Minuit sonne, le piano s’est tu.
Et ce long cri plaintif
qui monte jusqu’à nous...

                                            *
2. Je n’ai guère aimé les années 70. 
Des utopies qui avaient enthousiasmé la jeunesse en 1968 il ne restait pas grand-chose. Au cœur des villes, on avait cru entendre le chant de la mer ( un slogan disait : Sous les pavés, la plage) et  la société s’enfonçait dans la religion de l'abondance qui appelait à consommer de plus en plus, et elle restait indifférente aux avertissements des sages qui annonçaient les crises futures.

L’ère de la politique  spectacle débutait ; dans une  mise en scène bien organisée, le Président s’invitait chez les gens et jouait de l’accordéon. Sur les plateaux de télévision qui remplaçaient les estrades, les petites phrases assassines et les bons mots jaillissaient ; la politique perdait peu à peu sa substance.

Dans ces années-là,  un courant poétique avait choisi l'hermétisme pour exprimer la solitude, la détresse, la résignation de certains auteurs. Ceux-ci promenaient sur le monde un regard désabusé. Il n'y avait pas d'espoir dans leurs vers qui disaient le mal de vivre, qui renvoyaient les images d'un monde déshumanisé, sans amour, sans issue. La tristesse avait gagné le style, on lisait sans plaisir des vers qui avaient oublié la musicalité.
Les poètes du nouveau réalisme s'enfermaient dans l'égocentrisme et subissaient leur destin. 

Tous n’avaient pas pris la même voie. Neruda, Guillevic, Prévert,  avaient choisi la simplicité, la beauté, la lutte.
C'est cette poésie-là que j'aimais et que j'aime toujours.

La lecture d'un poème doit être un moment de grâce, quel que soit le thème traité, qu'il soit léger, profond, joyeux ou triste. 




lundi 21 décembre 2015

n° 1007 - Regard - Semaine 52





FRATERNISATIONS ET PACIFISME

Dans notre société, les pacifistes apparaissent comme des utopistes déconnectés de la réalité.
C’est le signe d’une civilisation qui n’a pas encore atteint sa maturité. Si des gens sont par nature belliqueux, il appartient à la culture - donc à l'éducation - de leur apprendre la tolérance, la fraternité, le respect de la vie.

Il y a quelques jours, on a inauguré dans le Pas-de-Calais un monument des fraternisations. De quoi s’agit-il ?

L’histoire officielle a longtemps décrit la guerre de 1914-1918 en  mettant en valeur le patriotisme des soldats. Les manuels scolaires de la première moitié du 20e siècle préparaient les jeunes à défendre la patrie.
On a caché pendant des années les mouvements de colère et de lassitude qui ont secoué les tranchées.

À‭ ce jour, on ne connaît pas encore toute la vérité sur les mutineries qui ont eu lieu ‬ du côté des alliés. Dans le Pas-de-Calais, en 1917, un millier de soldats britanniques et du Commonwealth  se soulevèrent et il y eut des répressions. (les archives militaires seront accessibles en 2017)

On doit au cinéaste Christian Carion d’avoir popularisé en 2005 - dans son film Joyeux Noël - les épisodes de fraternisation qui se sont produits sur le front, à partir de l’hiver 1914.

Dans les environs d’Arras , il y eut alors une « trêve de Noël » qui  réunit pendant quelques jours des soldats allemands, britanniques et français, dans une démarche spontanée de rejet d’une situation qu’ils jugeaient inhumaine.
Ces soldats  épuisés,  avaient vu de nombreux camarades mourir les uns après les autres, la vie dans les tranchées était insupportable. Ce matin-là, on entendit soudain des chants monter du côté allemand où des sapins de Noël avaient été plantés. Les soldats allemands appelèrent les Français et les Britanniques à venir les rejoindre et l’on assista alors à des scènes improbables de fraternisation  lourdes de signification. 
L’un des soldats, Louis Berthas, avait écrit dans ses carnets de guerre :
 « Qui sait ! Peut-être un jour sur ce coin de l’Artois on élèvera un monument pour commémorer cet élan de fraternité entre des hommes qui avaient horreur de la guerre et qu'on obligeait à s'entretuer. »
C’est aujourd’hui chose faite.

                                                 *

Dans une tribune qui ouvre le dernier numéro de Terra Eco, Edgar Morin écrit qu’« il faut tout faire pour gagner la paix en Syrie » si l’on veut lutter efficacement contre Daech. Il nous rappelle que les bombes ne servent à rien si l’on ne retourne pas  à « la source même » du conflit, en l’occurrence le Moyen-Orient et les banlieues.
Il faut dire qu’Edgar Morin est le philosophe de la complexité, une  manière de penser que de nombreux décideurs n’ont pas encore intégrée dans leur analyse des problèmes.

samedi 19 décembre 2015

n°1006 - Une photo, une phrase (15) Juliette Capulet




J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

LA PHOTO

Quand on est de passage à Vérone, on pense irrémédiablement aux jeunes amoureux que Shakespeare a immortalisés, au tragique destin de Juliette et  Roméo, amants dont les familles se méprisaient, les Capulet et les Montaigu.
La « maison de Juliette », devenue musée,  attire chaque année de nombreux touristes ; on sait que la maison n’est pas celle de Juliette, on sait que le balcon a été rajouté pour évoquer la fameuse scène de la pièce de théâtre, mais cela ne rebute pas les visiteurs. Il arrive que le talent d’un grand auteur permette de confondre légende et réalité.


JULIETTE ( Capulet)

LA PHRASE

Ainsi, la jeune héroïne qui m’avait tant ému lorsque j’avais lu son histoire quand j’étais adolescent avait enfin un visage et un corps, figés à jamais dans le bronze grâce à un artiste * du siècle dernier ; elle était là devant moi, abritée du soleil par un maigre feuillage, mince dans sa robe dorée, jeune fille frêle au regard un peu triste qui devait mourir pour avoir bravé l’autorité des adultes, symbole des amours contrariées et des  victimes de la haine que peuvent se vouer  des gens pour des raisons irrationnelles. 



* Nereo Costantini  a réalisé cette statue en 1969

vendredi 18 décembre 2015

n° 1005 - Une certaine idée du bonheur ( 1)


Les signes qui démontrent que nous sommes dans un monde finissant sont de plus en plus visibles. Pourtant certains, par aveuglement et surtout par égoïsme  et cynisme, continuent de nier la réalité. Je n’ose imaginer ce qu’il adviendrait demain si un Donald Trump devenait président des Etats-Unis.

Dès la fin des années 1960, il devenait évident qu’il serait nécessaire de changer nos modes de vie. On a malgré cela, pendant les décennies qui ont suivi, ignoré les messages envoyés par les scientifiques et des philosophes tels qu’Edgar Morin.

Au début des années 1970, dans mes chroniques et mes poésies, j’évoquais souvent les rapports de l’homme avec la nature, l’avenir de l’humanité.
En 1975, je publiais mon deuxième recueil de poésies ; il s’intitulait Images Vues - Une certaine idée du bonheur. 
Le recueil s’ouvrait sur une réflexion sur le monde moderne et le bonheur.

Quarante ans après, en relisant ce texte, j’ai l’impression de l’avoir écrit hier.




mercredi 16 décembre 2015

n° 1004 - Horizon 2050 : Après la COP 21


Après la COP 21 : 
L’urgence climatique attendra encore 


MOBILISATION CITOYENNE POUR LE CLIMAT

La conférence de Paris sur le climat s’est terminée dans les conditions que j’avais prévues dans un précédent billet : des discours officiels enthousiastes, des commentaires enflammés ( n’a-t-on pas parlé d’un moment « historique » !).
Il est vrai que cette réunion a permis de rappeler au monde entier -  certains l’ignoraient-ils encore ? - que le dérèglement climatique mettait en péril l’humanité et qu’on se dirigeait vers une hausse de température de la Terre d’au moins trois degrés avant la fin du siècle si rien n’était fait. On a même fixé un objectif clair : limiter cette hausse à 1,5 degré, soit 0,6 degré par rapport à la hausse constatée à ce jour.

Les195 états de la planète ont donné leur accord pour agir ensemble dans un même cadre international pour lutter contre le dérèglement climatique.
C’est le bilan positif de cette conférence. Tout le reste ( le contenu du texte adopté, les financements nécessaires, les contrôles...) ne garantit pas la réussite de l’objectif poursuivi.

La première question qu’on peut se poser : alors que l’on est devant une situation urgente pourquoi attendre avant d’agir ?
Imaginerait-on un médecin dire à un malade atteint d’une maladie grave :
- On va commencer votre traitement l’année prochaine.

 Le contenu du texte :

La déclaration de 39 pages comporte 29 articles rédigés dans un style diplomatique, juridique, sans aucun préambule pour définir ce qu’est la transition écologique ( mot non cité) et ce qui la différencie du développement durable qui a échoué. Le risque étant que les pays continuent de parler de transition sans en appliquer les principes. 
( À‭ ce sujet on peut lire l’ouvrage de Rob Hopkins, fondateur du mouvement de Transition, Manuel de la transition.
‭Dans ce blog vous trouverez également dans les rubriques Changer d’ère* et Horizon 2050 les bases théoriques de la transition, articles rédigés dans le cadre des travaux que je mène sur ce thème)

Par ailleurs aucun objectif annoncé dans le texte n’est contraignant : on note à plusieurs reprises l’expression : la Conférence « invite les parties ». Il n’y a donc aucune obligation pour certains points. 
Les engagements ne sont pas chiffrés ( par exemple pour la réduction d’émissions des gaz à effet de serre ).
Les techniques soutenables ne sont pas préconisées. On peut prévoir que les grands groupes pollueurs ( du pétrole, du nucléaire, de l’agroalimentaire, des transports aériens ) feront tout pour ne rien changer.

Quant aux financements permettant le changement, notamment pour accompagner les pays pauvres, ils sont pour la plupart soumis à de futurs arbitrages.

Enfin, aucun mécanisme de sanction n'est prévu à l’encontre des Etats qui  lutteraient insuffisamment contre le réchauffement.

L’accord de Paris ne s’attaque pas aux causes du dérèglement climatique ( le productivisme, la mondialisation financière et économique).  Il faut donc le faire évoluer pour que l'objectif visé soit atteint.

Conclusion
On est donc loin de l’accord historique annoncé. Heureusement la société civile se mobilise à travers le monde depuis dix ans pour mettre en place des initiatives citoyennes. La petite ville de Kinsale, en Irlande, a été grâce à Rob Hopkins, pionnière en la matière. C’est dans cette voie qu’il faut s’engager pour gagner la lutte contre le réchauffement du climat et contre tous les déséquilibres causés par la société actuelle.

* Pour cela, taper Changer d'ère dans le cadre Recherche en haut à droite

lundi 14 décembre 2015

n° 1003 - le Carnet de bord, semaine 51

Le Carnet de Bord livre chaque semaine des réflexions sur notre époque, inspirées par mes activités, mes loisirs, mes sorties et l'actualité. Ces libres cheminements ont pour but de faire entendre « la rumeur du temps présent».



De la monarchie républicaine
au pouvoir citoyen

Des élections régionales qui viennent d’avoir lieu, on retiendra surtout les résultats du  premier tour qui  ont confirmé la poussée du FN en tête dans six régions et la disparition de la gauche dans le Nord et PACA. Concernant la progression frontiste, les invectives ne suffisent plus, il faut répondre au désarroi des citoyens qui ne voient plus d’autre issue que ce vote pour s’exprimer.

La monarchie républicaine ne fonctionne plus. Il est temps d’entrer dans le 21e siècle.

Il y a quelques jours, la Conférence sur le climat a eu le mérite de montrer qu’on ne pouvait plus prendre des décisions importantes en ayant le regard fixé sur le court terme, c’est désormais une vision sur le long terme ( à l’horizon 2050 et même 2100) qui devra s’imposer.
Concrètement, l’action menée par un(e) élu(e) dans un mandat de cinq ou six ans doit s’inscrire dans une perspective de long terme  qui ne peut s’accomplir efficacement que dans le cadre d’un mandat unique ( empêchant ainsi les dérives que provoque le désir de réélection).

Le système démocratique  doit donc  être remis en cause. La république des notables héritée du 19e siècle est repoussée par de nombreux citoyens qui choisissent l’abstention ou se jettent dans les bras du FN.
La constitution de 1958 et l’élection au suffrage universel du président ont paralysé la vie démocratique. Trop de pouvoirs dans les mains d’un seul homme nuit à la démocratie.

Dans celle-ci  la souveraineté doit appartenir à l’ensemble des citoyens ( c’est sa définition). Or elle n’existe même plus ans dans  le fonctionnement des grands partis où c’est le fait du prince qui est devenu la règle. On l’a de nouveau constaté après le premier tour des régionales quand il a été décidé de retirer les listes socialistes dans trois régions ( ce que l’un des leaders régionaux a refusé).
Les citoyens eux aussi ne sont pas écoutés. Un exemple : en 2005, le référendum sur  le projet de loi autorisant  la ratification du traité établissant une constitution pour l'Europe avait été rejeté  par  54,68 % des électeurs français. Malgré cela, la constitution fut acceptée plus tard, sous une forme pratiquement identique.

Le système doit être juste, il doit permettre la représentation des différents courants politiques grâce à la proportionnelle intégrale. Les modes de scrutin  tendant à masquer la réalité des forces politiques sont pervers ; ils ont  des effets négatifs : ils produisent la rancœur et la colère des électeurs qui se sentent floués et préparent les succès futurs du - ou des - parti(s) visé(s).

De nouveaux repères, de nouvelles pratiques

La politique française s’appuie  sur des repères qui ont perdu leur sens initial. Que signifie encore l’axe  extrême gauche - gauche - centre - droite - extrême droite ? 
Une porosité existe entre droite et gauche, entre droite et extrême droite...
La complexité du monde doit se traduire  dans l'action politique : il n’y a plus un seul axe mais de multiples axes.

Pour traiter le problème majeur de notre époque - l’avenir de la planète - l’axe principal concerne le choix de société : d’un côté, il y a les productivistes ( attachés à la croissance, ils veulent produire toujours plus), de l’autre les partisans de la sobriété ( écologistes, alternatifs, décroissants, ils veillent au respect des écosystèmes).

À côté de cet axe principal, de multiples axes existent : liberté / sécurité, universalisme / nationalisme, traditionalisme / tolérance ( en ce qui concerne les mœurs), etc...

Dans cette optique, la notion de camps s’opposant les uns aux autres  disparaît : des majorités peuvent se créer sur certaines questions quand elles concernent l’intérêt général.

Enfin la renaissance de la démocratie demande qu’on mette fin aux longues carrières politiques. C’est le citoyen qui est doit être le ferment du renouveau.

samedi 12 décembre 2015

n° 1002 - Une photo, une phrase (14) : Arras



J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.


LA PHOTO : Arras
La photo de cette place d’Arras et de son beffroi a été prise un soir de décembre, l’an dernier.
Capitale de l’Artois, Arras, après avoir été une ville bourguignonne à la fin du Moyen-Age, a fait partie des Pays-Bas espagnols en 1529. Elle est devenue française en 1659, à la suite du traité des Pyrénées.


LA PHRASE

J’avais vécu, pendant mes études, quatre ans à Arras, ville endormie à l’époque,  où les dimanches m’avaient paru si ennuyeux, où les seuls souvenirs agréables que je gardais de la ville étaient les soirées passées au théâtre, lorsque, bien des années plus tard, me promenant sur les anciennes places qui rappellent son passé espagnol,  je fus brusquement saisi par le charme d’Arras ; je compris alors que les villes ont un point commun avec les œuvres littéraires et musicales : il faut parfois des circonstances favorables ( un état d’esprit, la maturité...) pour que leur beauté nous touche et que nous les aimions.

vendredi 11 décembre 2015

n°1001 - Les oubliés de la COP 21

La lutte contre le dérèglement climatique ne doit pas être l’affaire des spécialistes, elle concerne tous les citoyens de France  et d’ailleurs.
Le but de ces billets est  d’apporter les informations de base permettant de préciser les enjeux de la COP 21 et de faire le point sur les travaux de celle-ci.



Les  oubliés de la COP 21


Alors que la Conférence du climat s’achève dans la douleur, on peut déjà tirer les premiers enseignements des travaux menés pour tenter de limiter le réchauffement de la terre à moins de deux degrés.
Avant que les communiqués officiels se réjouissent des avancées obtenues, dressons un bilan des dossiers qu’il aurait été nécessaire de traiter et qui ont été délaissés par manque d’ambition.

  On a beaucoup répété  que ce sont les pays les plus pauvres qui souffriront le plus du dérèglement du climat ; parmi eux : le Bengladesh, la Guinée-Bissau, la Sierra Leone, Haïti, le Soudan...Parmi les populations vulnérables, il y a aussi les habitants des archipels. A quelques heures de la clôture de la COP 21, les engagements en faveur de ces pays ne sont pas encore assurés.

Autres peuples ignorés, ceux qui ont réussi jusqu’à maintenant à échapper plus ou moins à la civilisation moderne, les peuples autochtones, tels que les Amérindiens. 

On savait avant le début de la Conférence que les objectifs des participants étaient limités. Que contiendra la déclaration finale ?
Dans un prochain billet, je ferai une analyse de celle-ci, en pointant les avancées réelles et les insuffisances.

mercredi 9 décembre 2015

La Rumeur du temps n° 1000

LA TERRE, LES GENS
Entre doute et espoir



    Le 6 mars 2009, j’écrivais le premier billet de ce blog. 
Après m’être beaucoup déplacé à travers la France et de temps à autre en Europe pendant près de vingt ans pour défendre des valeurs qui me semblent fondamentales telles que l’égalité des chances, la coopération,  l’écologie, la citoyenneté, j’ai  décidé de me consacrer davantage à l’écriture et à la réflexion sur la période de transition et la société à l’horizon  2050.
Dans ce premier billet, j’évoquais les choses que j’aime  et celles contre lesquelles il est indispensable de lutter. Je définissais ainsi les thèmes que je serais amené à traiter au fil des articles.

   La rêverie conduit à l’écriture. Celle-ci s’inspire des événements que j’ai suivis, des rencontres que j’ai faites, des spectacles que j’ai vus. L’écriture s’enrichit aussi de mes lectures ; les ouvrages de Camus, d’Edgar Morin, de Thoreau, de Guillevic, et de bien d’autres, ont nourri ma pensée. La liberté a besoin de livres, c’est pourquoi les régimes autoritaires les censurent ou les brûlent. 

Dans cette première chronique, j’abordais en quelques phrases la question essentielle de notre époque : l’état de la planète dont dépend l’avenir de l’humanité. La « loi du progrès » a oublié que l’homme, être vivant parmi les autres, ne peut se soustraire aux lois de la nature :  

L’année 2015 s’achève dans la douleur. Je viens de relire ce texte d’introduction écrit six ans plus tôt. Il finissait sur une note optimiste.
Aujourd’hui  le monde ne va pas mieux, la situation s’est même aggravée. La pauvreté perdure, la planète n’en peut plus. En France, la démocratie a perdu ses repères, le discours sécuritaire semble avoir gagné au détriment de nos libertés, la xénophobie gagne du terrain. Le doute s’est installé. ...
Poursuivre dans la voie du passé mènerait au chaos.



lundi 7 décembre 2015

n° 999 Carnet de bord ( semaine 50)






Les philosophes, la guerre, le climat, la haine de l’autre

Depuis quelques semaines, les évènements se bousculent et aucun d’entre eux ne permet de verser dans l’optimisme. 
Après les attentats du 13 novembre, la réponse n’a pas tardé ; sans réflexion de fond pour définir un avenir politique de la zone visée, c’est la guerre qui a été choisie, les bombes tombent sur la Syrie et chacune d’ elles risque de tuer des civils.

À Paris, la Conférence sur le climat se poursuit et malgré les propos rassurants de certains participants, on sait que les mesures qui permettraient de limiter la hausse de température à 1°5 ont peu de chance d'être prises. De grands groupes pollueurs et des pays qui ne veulent pas entendre parler de la fin des énergies fossiles sont présents à la COP 21 ; il ne faut pas compter sur eux pour que le monde adopte un type de développement écologique.

Et puis hier, dans les treize nouvelles régions françaises, les urnes ont rendu leur verdict : la progression du parti de Mme Le Pen a été confirmée, le PS s’est effondré et sera absent dans plusieurs régions au second tour, les écologistes et les autres partis de gauche n’ont pas pesé lourd. Cela n’est pas le fruit du hasard, il a fallu trente années de reniements, de promesses non tenues, de concessions faites au détriment de la démocratie, pour en arriver là.
Trente années pendant lesquelles on a laissé se développer les thèses xénophobes, les contre-vérités, sans beaucoup réagir. 

Les philosophes médiatiques sont le symbole de ce glissement qui a abouti à la situation actuelle. 
Au 18e siècle, Rousseau, Voltaire, Condorcet, Diderot...développaient les idées émancipatrices sur lesquelles on s’est appuyé pour bâtir la République.
Les philosophes modernes - du moins ceux qu’on voit souvent sur les écrans - parlent de tous les sujets, même de ceux qu’ils connaissent mal.

C’est ainsi que Luc Ferry écrivait en 1992 Le nouvel ordre écologique, un pamphlet dans lequel il montrait sa méconnaissance du sujet.
Le semaine dernière, on a vu Raphael Enthoven regretter, sur une chaîne de télévision, qu’on ne donne pas davantage la parole aux climatosceptiques. Au nom du débat. Or le dérèglement climatique ne peut être remis en cause par un débat philosophique,  c’est une vérité scientifique.

Il y a quelques années, Bernard-Henry Lévy se vantait d’avoir poussé l’ex-président Sarkozy à faire la guerre en Libye.

Quant aux idées qui ont triomphé hier ( repli sur soi, préférence nationale, xénophobie), elles ont été portées ces dernières années par des intellectuels tels que Finkielkraut, honoré l’an dernier par un titre d’académicien.

Les idées  qui rendent la période actuelle si douloureuse sont bien dans " l'air du temps "

samedi 5 décembre 2015

Une photo, une phrase n° 13 : Nederland, pays bas



J'aime fixer l’instant que j'ai apprécié ou qui m'a ému. C'est pourquoi lors de mes promenades, de mes déplacements, de mes voyages, j’emporte  presque toujours  avec moi  un appareil photo, outil idéal pour garder  les images que la mémoire pourrait oublier.

Nederland, pays bas

La photo :
Dans les Pays-Bas d’aujourd’hui, fortement industrialisés, où les autoroutes et les grands immeubles gagnent sans cesse du terrain, les espaces qui ne portent pas les stigmates de la modernité sont de plus en plus rares. C’est pourquoi j’ai pris cette photo ;  au sud d’Amsterdam, la campagne,  en certains endroits, a gardé son visage d’autrefois.
Ce paysage fait bien sûr penser au plat pays de Jacques Brel :

“Avec des cathédrales pour uniques montagnes 
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne [...]  
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir 
Avec le vent d’ouest écoutez-le vouloir 
Le plat pays qui est le mien ” 

La Belgique et les Pays-Bas ont en commun la Mer du Nord, les dunes, les vastes plaines...



La phrase

D’abord, on aperçoit au bord de la route trois arbres chétifs secoués par le vent qui vient de la mer, aucune cathédrale ne s’élève au loin, pas le moindre vieux moulin à l’horizon, seule une petite église se dresse au-dessus d'un pâté de maisons ; la plaine s’étend, interminable et paraîtrait monotone s’il n’y avait pas ces watergangs qui la traversent nonchalamment : on a devant les yeux un paysage qui semble venir d’un autre temps.

vendredi 4 décembre 2015

Ces chevaux qu'on abat ( poésie)




Itinéraire d’un poème : Ces chevaux qu'on abat

Comment naît un poème ? Chaque auteur a sa méthode et rien, dans le domaine de la création, n’est immuable. Mais cependant, il est possible de définir certains principes.
En ce qui me concerne, la démarche  comprend trois étapes. Illustrons cela par un exemple.

1. Le déclic ( l’inspiration)
Au printemps 2012, dans le cadre de la préparation à un entretien d’embauche, j’interrogeais une étudiante. 
Parlant de ses loisirs, elle me dit qu’elle aime les chevaux et qu’elle fait de l’équitation. Alors je lui dis :
- Vous  ne faites sûrement pas partie des amateurs  de viande de cheval !
Elle me regarde étonnée, avant de répondre :
- J’en mange, et c’est très bon.
Ce n’était pas le lieu qui convenait à un débat. Je passais à autre chose. Mais l’envie de partager la  tristesse  que j’éprouve devant la mort d’un animal (notamment celle d’un cheval qui a beaucoup couru, beaucoup travaillé pour l’homme et qu’on envoie à l’abattoir plutôt que lui offrir une vieillesse paisible) était forte.
Dans les jours qui suivirent, je notais quelques idées pour évoquer le sort de ces  chevaux. 


3. Le texte définitif *
‭( Il est rare qu’un premier jet donne satisfaction à son auteur.)

‭Le texte ci-dessus a été retravaillé à plusieurs reprises pour améliorer le rythme et  renforcer la  violence de la situation. Cinq mois plus tard le poème avait trouvé sa forme définitive.
Aux barbelés barbares de l'oubli
il a suspendu son galop,‭ ‬arraché sa crinière,‭
r‬etenu un sanglot.
Le vieux cheval attend la nuit
et dans les yeux de l'enfant qui passe‭ 
il ne voit plus la lumière‭
‬des grands espaces.
‬Il devine la mort,‭ ‬la porte qu'on referme,‭ 
la lame qui s’élance‭
‬vers son corps fatigué
‬Et le sang jaillissant‭
dans la pâleur de l'aube.


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