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mercredi 16 septembre 2015

Humeurs n°10 : Sauver les cochers (1840) et les éleveurs (2015)

« Ça ne fait rien, nous vivons un temps bien singulier ”
( Georges Brassens - L’épave)

Les billets regroupés dans cette catégorie illustrent cette sentence qui n’a pas pris une ride depuis 1966.


1840 : Il faut sauver les cochers !

Nous vivons dans un pays qui a du mal à accepter le changement. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Les périodes de transition ont toujours connu des réactions hostiles à la nouveauté, même quand celle-ci  apportait un progrès. 

Ce fut le cas au début du 19e siècle lorsque le chemin de fer apparut. 
Pour les uns, la vitesse ( pourtant réduite à l’époque) allait provoquer des accidents, pour d'autres le passage sous les tunnels serait mauvais pour la santé. Des ingénieurs disaient avec dédain que les chemins de fer « étaient des canaux secs » bien moins intéressants que les vrais canaux.

Alors que ce nouveau moyen de transport se développait en Grande-Bretagne et en Allemagne, en France il prenait du retard. Les mentalités n’étaient pas prêtes ; il ne fallait pas innover.
Il fallait en quelque sorte sauver les cochers, les fabricants de diligences et de fiacres !
Ces opposants au progrès ne voyaient pas que le chemin de fer pouvait désenclaver certaines régions, favoriser l’acheminement des denrées périssables et permettre la création de nouveaux emplois. 

2015 : Il faut sauver les éleveurs !

En 2015, alors que la transition est entamée depuis dix ans, de nombreux responsables raisonnent encore selon les vieux schémas, ceux qui ont conduit au désastre écologique et économique. Ils sont incapables de se projeter dans l’avenir en choisissant des solutions nouvelles.
Prenons l’exemple ( qui n’est pas anecdotique) de la proposition d’introduire des repas végétariens dans les cantines scolaires. Il s’agit d’une proposition faite il y a quelques mois par un groupe composé de personnalités. Yves Jégo l’a reprise, d’autres politiques de toutes tendances y sont favorables.
Pourquoi cette proposition est-elle importante ?
Parce qu’elle permettrait de réduire la consommation de viande qui a un impact  néfaste sur l’environnement.
Parce qu’on sait aujourd’hui que l’animal est un être sensible dont il faut respecter la vie.

Pourquoi le ministre de l’Agriculture est-il opposé à cette proposition ? 
Parce qu’il faut sauver les éleveurs !
Cet argument est affligeant car il passe sous silence la réalité de l’agriculture industrialisée empêtrée dans les méandres du marché  et parce qu’il ferme les yeux sur l’évolution inéluctable de l’agriculture qui devra de gré ou de force s’adapter aux contraintes écologiques et à la volonté des consommateurs.


Comme en 1840, la France risque une nouvelle fois de  rater le bon train, celui de la clairvoyance et du progrès.

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