- |
CHOIX DE TEXTE n°6
LE
PROJET D’UNE AUTRE ÉPOQUE
Le
19 novembre 2012, après la manifestation réussie contre le projet
d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, j’écrivais :
" Le succès de cette manifestation permet de penser que le projet peut
encore être enterré. On peut seulement regretter que, contrairement
à ce qui s'était passé sur le Larzac dès 1971 pour éviter
l'extension du camp militaire et en Haute-Loire en 1989 pour refuser
la construction du barrage de Serre de la Fare, la mobilisation
nationale soit venue tardivement alors que localement, dès 1972, les
paysans locaux avaient entamé leur lutte contre le projet
d'aéroport.
Je
ne reviendrai pas en détail sur les arguments qui ont été utilisés
par les uns et les autres pour défendre ou refuser ce projet. Tous
les journaux les ont donnés ces derniers jours. Je voudrais ici
insister sur l'essence même de la discorde : celle-ci révèle
une divergence profonde sur le modèle de société que nous
devons choisir pour le 21e siècle.
À l'évidence, Notre-Dame-des-Landes est le projet d'une autre époque.
On était au début de la Ve République quand cette idée d'aéroport est née. En 1969, Georges
Pompidou poursuivait la politique de
son prédécesseur Charles de Gaulle. Pour eux, "la grandeur de
la France" s'exprimait à travers de grands projets, on
encourageait la consommation et rares étaient ceux qui avaient senti
la crise économique et écologique qui allait suivre.
Quarante
ans plus tard, le monde a changé. Continuer à penser l'avenir en
agissant comme on le faisait autrefois est une grave
erreur. Les opposants au projet d'aéroport ne mènent pas seulement
une action locale. Ils défendent une vision plus juste, plus
écologique de la société d'aujourd'hui et de demain.
La référence à la lutte du Larzac est juste. Ceux qui s'opposent à Notre-Dame-des-Landes disent qu'on a suffisamment sacrifié de terres agricoles ces dernières décennies et qu'il serait indécent de poursuivre dans cette voie. Nourrir les hommes en respectant la nature devrait être une des priorités de toute société.
La référence à la lutte du Larzac est juste. Ceux qui s'opposent à Notre-Dame-des-Landes disent qu'on a suffisamment sacrifié de terres agricoles ces dernières décennies et qu'il serait indécent de poursuivre dans cette voie. Nourrir les hommes en respectant la nature devrait être une des priorités de toute société.
Ceux
qui mettent en avant la création d'emplois générés par la
construction de l'aéroport raisonnent dans une perspective de court
terme. Une réflexion axée sur le long terme conduit à rejeter ce projet pour des raisons économiques, sociales et environnementales"
Mise
à jour du 19 janvier 2018
Sur
ce dossier pendant près de cinquante ans, les gouvernements de
droite et de la social-démocratie n’avaient pas réussi à prendre
de décision. En quelques mois le gouvernement actuel a tranché :
le projet de Notre-Dame-des-Landes est abandonné. C’est une sage
décision. Elle
résulte avant tout de la mobilisation
sans
relâche des militants écologistes, décroissants, paysans, citoyens
qui ont su montrer que ce projet était insensé.
Du
point de vue écologique, il était en contradiction avec les
objectifs de la lutte contre le dérèglement climatique.
Du
point de vue économique, comme l’ont exprimé dernièrement les spécialistes du
transport aérien, il était voué à l’échec car le transport
international sera de plus en plus concentré sur de grands
aéroports (en France Roissy et à un degré moindre Lyon). Des
villes telles que Nantes ou Strasbourg n’auraient
aucune chance de concurrencer ces grands aéroports.
Ceux
qui critiquent la décision prise ce mercredi montrent que leur
pensée est celle d’un autre temps.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire