Rechercher dans ce blog

mardi 30 janvier 2018

PAYSAGES



AU BORD DE LA LOIRE près de TOURS

Paysage : on utilise couramment ce mot courant sans se poser de questions sur sa signification.
Les dictionnaires eux-mêmes ne sont pas très explicites :
« Partie d’un pays que la nature présente à un observateur », voilà comment le Robert définit le paysage. Ce billet a pour but d'apporter quelques précisions sur ce mot.
    La qualité des paysages est l’un des critères qui interviennent dans le choix d’une destination.
Chacun de nous a en tête des paysages familiers ou exceptionnels  qu'il a appréciés pour leur beauté, leur rareté ou leur grandeur impressionnante. D’autres lieux qu’on a aperçus dans un magazine, un livre ou sur un écran nous ont donné l’envie d’aller sur place pour profiter du spectacle qu’ils offrent.
    Personnellement je pourrais citer quelques  paysages que j’ai beaucoup aimés : le volcan du Teide, sur l’île de Tenerife, à cause de sa flore riche qui change selon l'altitude à laquelle on se trouve, les chutes du Niagara impressionnantes par leur taille et le bruit permanent des remous de l'eau, la vue sur l'Etna et les odeurs mêlées de soufre et de fleurs, mais aussi dans les vastes plaines de Hollande l’alignement des moulins de Kinderdijk, la côte bretonne, les caps de la Côte d'Opale avec leur odeur d'algues et d'iode et les picotements de la bruine ou du vent sur le visage...
  Un paysage ne se regarde pas seulement, il s'adresse à tous les sens : on l’écoute, on le sent, on le touche.

   Longtemps considéré comme un objet d'études pour les géographes qui mettaient en avant la notion de territoire, d'environnement naturel modifié par l'homme, le paysage a vu sa définition évoluer à partir des années 1970, en prenant en compte sa complexité. Cette approche écologique fait donc intervenir des éléments relevant de la biologie, des sciences sociales, de l'archéologie, de la géologie...
La Convention européenne du paysage, signée en 2000, a défini le paysage comme " une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l'action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations ".

Cette définition a le mérite d’être beaucoup plus précise que celle des dictionnaires.

Qu'est-ce qu'une belle ville ?


   Je dois le dire : je ne suis pas attiré par les villes de très grande taille.                                                            
   Dans celles-ci, quelques jours pour voir les monuments et visiter les musées me suffisent. L'air de Londres, de Paris ou de Rome me paraît étouffant. Seule Cracovie, avec ses 850 000 habitants, échappe à cette critique car elle a gardé le charme et la convivialité des vieilles villes.

Quand on me demande de citer les villes que j'aime, je pense à quelques-unes de celles où j'ai pris plaisir à marcher : Honfleur, Dinard, Canterbury, Bruges...

S'il fallait définir ce qu'est une belle ville, je répondrais : " Une ville qui me donne envie d'y revenir."

Une belle ville ne doit pas être vue avec l'œil du touriste mais avec le regard de celui qui y vit.

    Une belle ville doit être de taille raisonnable, authentique et avoir du caractère. C'est une ville où les vieilles maisons, les églises, l'hôtel de ville, le beffroi, les remparts, racontent une histoire que les habitants d'aujourd'hui perpétuent.

Une belle ville doit accorder une large place à la nature. C'est pourquoi j'apprécie surtout les villes bâties au bord de la mer, avec leur port et leur plage, les villes traversées par une rivière ou une multitude de canaux, les villes où la verdure et les fleurs abondent. C'est la raison pour laquelle Bruges est l'une de mes villes préférées.

BRUGES

Au cœur de l’Aquitaine

Les halles - Photo Jacques MOSSOT - Creative Commons

    Au sud de Bergerac, la route qui conduit à Villeneuve-sur-Lot devient plus sinueuse. Ici dans les environs de Castillonnès, c’est la couleur verte qui domine. Nous sommes au cœur de la France rurale.
   En dehors des villages perchés sur des collines, peu de maisons. L’espace est occupé par les champs, les prairies, les haies, les arbres alignés ou regroupés en bosquets. Dans cet univers serein, certaines nouvelles déversées par les radios et les journaux nationaux ne retiennent pas l’attention. Les gens qui vivent ici privilégient le bon sens et les choses concrètes.   Dans ce coin discret d’Aquitaine on se préoccupe surtout de l’avenir des récoltes. On peste contre le temps trop humide ou trop froid. On constate que la météo est de plus en plus détraquée. On compatit au malheur des populations confrontées à de nouvelles inondations. On s’intéresse à la vraie vie.

    Le charme des petites villes d’Aquitaine ne réside pas seulement dans leur tranquillité. On est dans une région qui a une longue histoire. L’une des figures les plus marquantes reste Aliénor dont le destin ne fut pas banal. Au XIVe siècle, c’est Edouard II d’Angleterre, duc d’Aquitaine, qui fit fortifier Castillonnès. On se souvient aussi d’Edouard Plantagenet plus connu sous le nom de Prince Noir.
   La ville fait partie des bastides du Sud-Ouest créées au XIIe et XIIIe siècles. Celles-ci avaient un pouvoir politique et économique ; elles se dotaient aussi d’un plan local d’urbanisme.
   Aujourd’hui, des monuments et bâtiments attirent l’attention du voyageur : l’église Saint-Pierre, les halles, l’hôtel de ville. Dans un circuit consacré aux bastides, faire étape à Castillonnès est un choix qu'on ne regrettera pas. 


lundi 29 janvier 2018

La campagne anglaise



Pour ceux qui, comme moi, vivent sur la  Côte d’Opale, la présence de l'Angleterre se ressent de manière quasi permanente. De chez moi, par temps clair, on distingue nettement les falaises de Douvres. Par un effet d'optique, elles paraissent toutes proches. Les manifestations qui célèbrent l'Entente Cordiale entre nos deux pays sont fréquentes.
  Pourtant, malgré la construction du tunnel qui permet de traverser la Manche en une demi-heure, le voyage en Angleterre reste un vrai dépaysement, une escapade qui nous plonge dans un autre univers.
   Dès qu'on arrive à Douvres ou à Folkestone, c’est toujours un grand plaisir de revoir la campagne anglaise. Les petites routes si calmes du Kent traversent des prés d'un vert soutenu que je n'ai vu nulle part ailleurs. Des moutons et brebis à la fourrure épaisse et bouclée et à l’allure bonasse y paissent tranquillement.
  Mais c'est à bord d'un narrow boat ─ ce bateau typique aux allures de petite maison flottante rouge, vert sombre et blanche et au toit plat ─ qu'on apprécie le mieux la beauté de la campagne. En aménageant dans les années 90 les berges des canaux et des rivières, les Anglais ont rétabli des lieux de vie qui créent une harmonie parfaite entre les gens, la voie d'eau et les docks réhabilités.

  La modernité s'y conjugue avec un art de vivre souvent  oublié ailleurs.

jeudi 25 janvier 2018

Impressions bretonnes



La Côte d'Emeraude

Ėmeraude : c’est la couleur qui rappelle le beau vert de la pierre précieuse du même nom, une couleur qui se mêle par instants au bleu de la mer entre Cancale et le cap Fréhel.

   Le Nordiste que je suis, attaché à la Côte d’Opale et toujours fier de faire découvrir à celui qui ne connaît pas ma région le cap Gris- Nez et le Blanc Nez, l'admet bien volontiers : la nature, sur cette côte que les Bretons ont choisi d’appeler Côte d’Émeraude atteint une beauté surprenante.  
  En partant de Saint-Briac, quand on s’engage sur le sentier des artistes qui longe la mer, on découvre un paysage qui se caractérise par la variété des couleurs offertes au regard. Il n’est pas étonnant que de nombreux peintres aient placé leur chevalet à cet endroit. Parmi eux, Paul Signac, Renoir, Emile Bernard…
  Quand la journée  est ensoleillée, c’est le bleu qui domine (bleu du ciel, bleu émeraude de l’eau). Au loin, on aperçoit les taches blanches des petits bateaux, le vert des buissons et plus loin encore, le gris des maisons au toit d’ardoise.

 On goûte alors la beauté de la nature à l'état sauvage, une nature qui semble indifférente au temps qui passe.

Les lieux et les gens



SAINT-LOUIS DU SENEGAL
     Nos sentiments vis-à-vis des lieux que nous visitons sont comme ceux qu'on éprouve vis-à-vis des personnes. Parfois la première impression nous éblouit et les rencontres qui suivent nous déçoivent.
On aime vraiment un lieu quand on le connaît bien.


  Rodolphe a découvert les vieilles ruelles de Cordes-sur-Ciel, un jour d'automne, sous la pluie. La jeune femme qui l'accompagnait l'aimait profondément. Le village l'avait séduit. Il était persuadé que Cordes était le plus beau village de France.
Cet été, Rodolphe a refait seul le même chemin. Sa compagne l’avait quitté.
Cordes lui est apparu désespérément triste.

  Les lieux racontent tous une histoire. Celle-ci m'intéresse autant - voire plus - que le spectacle que j'ai devant les yeux.
Je ne peux regarder un château sans penser à ceux qui l'ont construit. La foi des bâtisseurs de cathédrales m'étonne toujours.

   Les ancêtres qui ont choisi un jour de s'installer dans un lieu ont dû - et ont su - s'adapter au relief, au climat, à la terre. Le milieu naturel impose sa loi aux hommes.
Transgresser les règles, oublier les colères du fleuve, de la mer, de la montagne, en faisant confiance aux techniques les plus élaborées, conduit aux pires catastrophes.

FONTEVRAUD



    Entre Saumur et Tours, à quelques kilomètres de Montsoreau, l’abbaye de Fontevraud est l’un des plus beaux monuments du Val de Loire.
Quand on pénètre dans ces lieux — quelles que soient les convictions philosophiques de chacun — on est frappé par le silence qui y règne, un silence apaisant, semblable à celui qu’on apprécie quand on marche au cœur d’une vaste forêt.
Se promener dans la cité monastique de Fontevraud, c’est aussi plonger dans le passé et chercher à comprendre le mystère de ces pierres assemblées — pour les parties les plus anciennes — il y a neuf siècles. Pierres qui constituent une des merveilles les plus abouties de l’architecture médiévale.
En entrant dans cet endroit mythique ( et mystique), on pénètre dans la complexité et les contradictions d’une société fondée sur l’ordre, la discipline, sur la prédominance de la religion chrétienne, sur la domination de l’homme sur la femme, une société qui permettait pourtant à une abbesse d’exercer son autorité sur les hommes et les femmes de Fontevraud.

Enfin, on y fait un long voyage dans l’histoire.

Dans la nef de l’église abbatiale, on s’arrête devant les gisants de personnages dont on avait perçu le destin romanesque à travers les lectures de jeunesse : Aliénor d’Aquitaine qui fut à la fois reine de France et d’Angleterre, son mari Henri II Plantagenêt, comte d’Anjou, duc de Normandie puis roi d’ Angleterre, leur fils Richard Cœur de Lion…Des personnages célèbres qui continuent d’inspirer les historiens, les romanciers et les cinéastes.

Athènes



    Quand on arrive pour la première fois à Athènes, on a déjà l’impression de bien connaître la ville : les livres d’histoire et de littérature nous ont rendu  l’Acropole et le Parthénon familiers. On est rempli de respect et d’admiration pour les grands auteurs grecs de l’Antiquité, pour ceux qui ont représenté la culture moderne, Mikis Theodorakis, Melina Mercouri…

  J’ai découvert l’Acropole et le Pirée avec plaisir, j’ai longuement flâné dans la ville moderne sans lui trouver beaucoup de charme. Les grands bâtiments couverts de gigantesques panneaux publicitaires ne se distinguent pas de ceux qu’on voit dans les autres capitales européennes.
La Grèce est entrée dans le moule de la mondialisation avec tous les travers de celle-ci et ses problèmes sociaux et économiques. La place Syntagma est le lieu de rassemblement des citoyens en colère. 

    Pourtant, quelque chose m’a surpris dans cette capitale : c’est la beauté du métro. Pour que les gens aient envie de prendre les transports en commun, c’est bien connu, il faut  leur proposer des conditions de déplacement optimales (confort, propreté, sécurité, bonne intermodalité...) 
   De ce point de vue, le métro d’Athènes est une belle réussite. On y circule dans des couloirs spacieux, presque trop luxueux, et en passant devant les statues exposées, on a l’impression de visiter un musée. On revient ainsi aux sources de ce qui a fait la renommée d’Athènes : sa culture ancienne.

mardi 23 janvier 2018

Le site des Deux-Caps



LE GRAND SITE DE FRANCE

de la Côte d'Opale

    Le site des Deux-Caps a obtenu le label Grand site de France en mars 2011.
Pour le département du Pas-de-Calais et pour les huit communes concernées ( Ambleteuse, Audresselles, Escalles, Audinghen, Sangatte,  Tardinghen, Wissant, Wimereux)  ce label a ouvert des perspectives nouvelles car il a classé le site des Deux- Caps parmi les  sites naturels les plus remarquables de France.

Sur 23 kilomètres de littoral, se succèdent des paysages variés de toute beauté : de hautes falaises, de longues plages de sable, des dunes et dans l‘arrière-pays une zone agricole qui  selon les saisons offre ses vastes taches de vert et de jaune. 
   Plus de 250 espèces d’oiseaux vivent sur ce site dominé par deux caps : le Blanc-Nez et le Gris-Nez. Une richesse naturelle que plusieurs structures nationales, régionales et départementales ont su préserver, en résistant aux menaces d’un développement économique anarchique. Quand on pense que  ce site exceptionnel avait failli accueillir en 1960 une centrale nucléaire qui fut finalement construite à Gravelines, on se réjouit de voir que cette partie du littoral nordiste a pu échapper à la politique désastreuse d'aménagement du territoire de la période des trente Glorieuses  !

   Le label décerné au site des Deux-Caps a été une aubaine pour la promotion de la région, il a permis de développer un tourisme responsable qui fait le bonheur des randonneurs pédestres et cyclistes et des amoureux de la nature à la recherche d’authenticité et de paysages magnifiques.

   Chaque année, deux millions et demi de visiteurs se rendent sur le site. Pour éviter les dégâts que pourrait provoquer ce succès, des sentiers - que les promeneurs doivent emprunter - ont été créés. 



samedi 20 janvier 2018

Sète




    Les raisons qui amènent à  voyager sont multiples. Il y a les voyages que le travail vous impose et qui apportent parfois d’agréables surprises, il y a ceux qui résultent des hasards de la vie  et puis il y a les voyages que l’on choisit de faire pour une raison bien précise. Ma découverte de Sète relève de cette dernière catégorie : j’ai voulu me rendre à Sète pour voir le cimetière marin (rendu célèbre par Paul Valéry) et les lieux qui furent si familiers à   Georges Brassens.
   Ma première impression de Sète fut des plus favorables. C’est une ville vivante qui n’a pas le côté superficiel des villes touristiques environnantes (La Grande Motte à l’est, Argelès au sud...)
   Arrivé par le train, je longeai à pied les bassins qui mènent au vieux port avant de m’engager sur la longue promenade de la Corniche que je quittai pour gagner mon hôtel.
   Le cimetière marin où reposent Paul Valéry et Jean Vilar domine le port. En voyant les nombreux monuments funéraires présomptueux de ce cimetière, j’ai pensé à la vanité des hommes, exprimée jusque dans la mort. Les "pauvres cendres de conséquence " qu’évoque Brassens dans sa Supplique pour être enterré à Sète  se contentent d’une tombe ordinaire !
  À l’est de la ville, en bordure de l’étang de Thau, et près de l’espace Brassens qui mérite une visite, se trouve le cimetière du Py. C’est là que se trouve la tombe modeste du chanteur qui se confond avec les autres, « juste au bord de la mer, à deux pas des flots bleus… »
  En dehors du souvenir de ces deux célébrités, Sète dispose de nombreux atouts pour attirer le visiteur. Le meilleur d’entre eux est sans doute la promenade autour du Mont Saint-Clair qui permet de découvrir le magnifique paysage environnant.


Le tourisme soutenable




Le concept de « sustainable development » apparu en 1987 est traduit injustement par développement durable . « Soutenable » est préférable. C’est la raison pour laquelle j’utilise l’expression tourisme soutenable.   



   En 1936, une loi  devait changer la condition ouvrière : elle accordait aux travailleurs deux semaines de congés payés ; les voyages étaient désormais  ouverts à tous. Du moins en théorie.
   Il fallut cependant attendre le début des années 1960 pour connaître le phénomène du tourisme de masse qui voyait les gens s'agglutiner par milliers dans les mêmes lieux, en particulier au bord de la mer et davantage encore sur les plages ensoleillées. Mais l'essor touristique n'a pu échapper aux inégalités sociales : aujourd'hui encore, un Nordiste sur deux ne part pas en vacances.

   Ce tourisme de masse s'est placé dans la logique de la société de consommation. Aller loin, le plus vite possible, visiter les lieux intéressants ─ ceux qui sont signalés dans les guides spécialisés ─ de manière superficielle, tel est le credo de cette forme de tourisme encore pratiqué aujourd'hui, en particulier dans les destinations exotiques.
   
   Certes la beauté des paysages, des sites naturels sauvegardés, des villages de caractère, restent des atouts touristiques affirmés, mais de plus en plus, les gens s'éloignent des images préfabriquées et partent à la recherche de lieux de vie réels, non sophistiqués. Ils ne se considèrent plus comme des consommateurs de tourisme qui sont  de passage, mais se mêlent aux habitants et reviennent souvent plusieurs années de suite au même endroit. Certains abandonnent la voiture et découvrent les paysages en marchant ou à vélo.
  Ce ressourcement peut être un engagement spirituel, une démarche écologiste, une tentative de sortie du système actuel. Ou tout cela à la fois.

Les chutes du Niagara



     Disons-le tout de suite : avant de découvrir les chutes du Niagara, il faut oublier la laideur des rues traversées pour se rendre aux chutes. Les villes jumelles de Niagara Falls, à la frontière entre les USA ( état de New-York) et le Canada Ontario), ont la laideur des endroits où les arguments touristiques sont surexploités.
   Dès qu’on approche des chutes, avant même de les avoir vues, on entend  un grondement qui enfle et l’on imagine la puissance de l’eau tombant lourdement.
    Quand on est devant elle, la rivière Niagara surprend par sa beauté. En chemin, elle s'est nourrie des eaux des grands lacs (Erié, Huron, Michigan, Supérieur) puis elle se dirigera vers le lac Ontario, le Saint-Laurent et enfin d'océan. 
   Les trois chutes (le Fer à cheval, le Voile de la mariée et les Américaines) étonnent par la puissance qu'elles dégagent ; en tombant l'eau forme des nuées blanches et fait un bruit qu'on entend de loin. On est ici devant une nature qui exprime une telle force que le spectateur le plus prétentieux se fait soudain modeste.

    Le spectacle est impressionnant, d’abord en raison de la largeur de la rivière (près de 800 mètres du côté canadien) mais surtout à cause du mouvement incessant qui produit une sorte de nuage blanc qui va se jeter dans les eaux vertes du Niagara.
  Après avoir longuement admiré cette merveille naturelle, la traditionnelle promenade à bord du bateau (the  Maid of Mist) s'impose. On repense alors à la scène du film haletant de Henry Hathaway, avec Marilyn Monroe.
   Tels de grands enfants à la recherche de sensations fortes, les touristes entrent  alors dans les tourbillons formés près des chutes et traversent une brume  humide qui les amuse ou les fait rêver...




vendredi 19 janvier 2018

Notre-Dame-des-Landes

-

CHOIX DE TEXTE n°6



                                          LE PROJET D’UNE AUTRE ÉPOQUE

    Le 19 novembre 2012, après la manifestation réussie contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, j’écrivais :
   " Le succès de cette manifestation permet de penser que le projet peut encore être enterré. On peut seulement regretter que, contrairement à ce qui s'était passé sur le Larzac dès 1971 pour éviter l'extension du camp militaire et en Haute-Loire en 1989 pour refuser la construction du barrage de Serre de la Fare, la mobilisation nationale soit venue tardivement alors que localement, dès 1972, les paysans locaux avaient entamé leur lutte contre le projet d'aéroport.
    Je ne reviendrai pas en détail sur les arguments qui ont été utilisés par les uns et les autres pour défendre ou refuser ce projet. Tous les journaux les ont donnés ces derniers jours. Je voudrais ici insister sur l'essence même de la discorde : celle-ci révèle une divergence profonde sur le modèle de société que nous devons choisir pour le 21e siècle.
    À l'évidence, Notre-Dame-des-Landes est le projet d'une autre époque. On était au début de la Ve République quand cette idée d'aéroport est née. En 1969, Georges Pompidou poursuivait la politique de son prédécesseur Charles de Gaulle. Pour eux, "la grandeur de la France" s'exprimait à travers de grands projets, on encourageait la consommation et rares étaient ceux qui avaient senti la crise économique et écologique qui allait suivre.

   Quarante ans plus tard, le monde a changé. Continuer à penser l'avenir en agissant comme on le faisait autrefois est une grave erreur. Les opposants au projet d'aéroport ne mènent pas seulement une action locale. Ils défendent une vision plus juste, plus écologique de la société d'aujourd'hui et de demain. 
    La référence à la lutte du Larzac est juste. Ceux qui s'opposent à Notre-Dame-des-Landes disent qu'on a suffisamment sacrifié de terres agricoles ces dernières décennies et qu'il serait indécent de poursuivre dans cette voie. Nourrir les hommes en respectant la nature devrait être  une des priorités de toute société.
    Ceux qui mettent en avant la création d'emplois générés par la construction de l'aéroport raisonnent dans une perspective de court terme. Une réflexion axée sur le long terme conduit à rejeter ce projet pour des raisons économiques, sociales et environnementales"

Mise à jour du 19 janvier 2018

    Sur ce dossier pendant près de cinquante ans, les gouvernements de droite et de la social-démocratie n’avaient pas réussi à prendre de décision. En quelques mois le gouvernement actuel a tranché : le projet de Notre-Dame-des-Landes est abandonné. C’est une sage décision. Elle résulte avant tout de la mobilisation sans relâche des militants écologistes, décroissants, paysans, citoyens qui ont su montrer que ce projet était insensé.
    Du point de vue écologique, il était en contradiction avec les objectifs de la lutte contre le dérèglement climatique.
   Du point de vue économique, comme l’ont exprimé dernièrement les spécialistes du transport aérien, il était voué à l’échec car le transport international sera de plus en plus concentré sur de grands aéroports (en France Roissy et à un degré moindre Lyon). Des villes telles que Nantes ou Strasbourg n’auraient aucune chance de concurrencer ces grands aéroports.
    Ceux qui critiquent la décision prise ce mercredi montrent que leur pensée est celle d’un autre temps.

mercredi 17 janvier 2018

Sous la tente



Photo : Carol Ross (freerangestock.com)
   

  C’est un camping que j’ai connu. Les installations étaient rudimentaires : quelques robinets et quelques douches, des toilettes suffisaient. On vivait au milieu de la nature, on pratiquait la simplicité volontaire que Henri-David Thoreau préconisait. La tente était l’abri où l’on passait la nuit, le jour on découvrait la région où l’on s’était arrêté.
C’est de cette façon que j’ai voyagé dans ma jeunesse avec une petite tente canadienne et que j’ai visité la Normandie et ses plages du débarquement, puis les Pays-Bas, la Suisse, l’Italie, la Provence...
La tente s’est agrandie quand il fallut abriter quatre personnes. Nous l’avons installée au bord de la Loire, au pied du Puy de Dôme, à proximité des grottes de Dordogne (Les Eyzies)…


Dormir sous la tente procure un sentiment de liberté. Bien sûr, il y a aussi des moments qui peuvent être angoissants. Je me souviens de terribles orages sur la montagne et d’un arbre qui s’était abattu sur une caravane à quelques mètres de nous. Une autre fois, à la suite d’un violent orage, l’eau avait pénétré dans la tente et nous avons dû au milieu de la nuit changer de place.


De nos jours, les gens veulent plus de confort, des piscines, une animation organisée. Ils se pressent dans ces campings par centaines comme ils le font toute l’année dans les supermarchés ou les gares.

En longeant la Garonne








La Garonne à Marmande

Suivre le fleuve

   Comme beaucoup de gens de ma génération, j’ai découvert la Garonne sur une grande carte que l’instituteur avait fixée au tableau. Grâce à sa baguette, on suivait le cours du fleuve de la source à l’estuaire ; on entendait le nom des principales villes traversées. Puis venaient les affluents de droite et ceux de gauche.
   La Garonne devenait ensuite, sur nos cahiers, une ligne bleue qui serpentait tantôt vers la gauche, tantôt vers la droite. C’était une sorte de squelette de poisson biscornu, avec ses arêtes irrégulières. On apprenait tout cela par cœur.
   Nous savions  situer dans l’espace des noms de villes et de rivières, mais il faut bien le dire, nous ne savions rien de la Garonne.   Car pour comprendre le fleuve, il faut le suivre de la source à la mer, il faut appréhender les liens qui se sont noués entre lui et les hommes, il faut saisir sa dimension culturelle et poétique.
   Seuls les voyages nous permettent de bien connaître un fleuve.

La Garonne à Toulouse

    Suivre la Garonne du val d’Aran où elle n’est qu’un maigre filet d’eau impétueux jusqu’à la Gironde est un but de voyage qu’on peut faire en plusieurs fois. En s’intéressant aussi aux affluents, on a alors l'occasion de visiter les villes traversées par les cours d'eau..
Cette expérience, je l'ai vécue, et c’est ainsi que petit à petit j’ai pu me faire une idée assez juste de la Garonne, en me promenant le long de ses berges à Toulouse, Agen et Marmande, puis à Langon et à Bordeaux où j’ai découvert une Gironde majestueuse.
   J’ai vu avec quel talent les bâtisseurs du passé avaient su relier les rives en construisant des ponts qui s’harmonisaient avec le paysage et mettaient le fleuve et les rivières en valeur : sur la Garonne à Marmande, sur le Tarn à Albi, sur le Lot à Cahors, sur le Gers à Lectoure, sur la Baïse à Nérac, pour n’en citer que quelques-uns. 
    Malheureusement l'homme moderne, oubliant la sagesse des anciens, a pillé le fleuve et l'a exploité à  outrance, mettant en péril les poissons migrateurs (l’esturgeon, la lamproie, l’alose et l’anguille).


Voyages et environnement



S’il est une question qui ne peut être traitée que de manière transversale, c’est bien le tourisme. Celui-ci relève à la fois de l’économie, des transports et infrastructures ; il est lié à la formation et à l’environnement. Cet aspect  de la question me semble primordial car il répond à une nécessité : lutter inlassablement contre le dérèglement climatique. 

Explication 

    En ce qui concerne le tourisme, la question environnementale doit être vue sous deux angles : la qualité de l’environnement des pays d’accueil et le respect des écosystèmes de la part des voyageurs. 
   Une étude réalisée à la fin des années 90 sur les attentes du touriste avait déjà montré que les facteurs qui déterminent le choix d’une région  ont trait essentiellement à l’environnement.
   Étaient en effet citées en priorité :
- la qualité des eaux de baignades,
- la beauté des paysages.
Une première remarque s’impose : il serait aberrant d’implanter des infrastructures touristiques   qui défigureraient de splendides paysages non protégés par la loi. Ceux-ci constituent un capital  que nous  devons à tout prix préserver.
   Le catalogue des mesures qu’il faut prendre pour améliorer l’environnement est immense. 
  En ce qui concerne les zones urbaines, citons l’aménagement des entrées de villes souvent enlaidies par des panneaux publicitaires et des zones  commerciales peu esthétiques, l’entretien des jardins publics, la réhabilitation des bâtiments dégradés, la mise en valeur du patrimoine architectural, la qualité des eaux de baignade qui nécessitent une démarche globale de longue haleine car la pollution de ces eaux dépend de nombreux facteurs (pratiques agricoles, rejets divers, insuffisance des moyens de dépollution...)
   Dans les espaces ruraux, l’inventaire des actions à conduire est lui aussi considérable : dépollution des rivières, entretien des forêts, préservation des haies, entretien des sentiers de randonnées,  création de véloroutes*, rénovation de l’habitat rural, plantations, reconquête du bocage, des milieux humides (mares, étangs…). »
   Les voyageurs ont par ailleurs la faculté d’agir en respectant les principes de l’écologie. Il suffit pour cela de bien choisir les destinations, les modes de transport, les moyens d’hébergement,  les prestataires qui  respectent  l’environnement et les intérêts des populations locales. Par exemple, ils éviteront de choisir un hôtel situé en Afrique appartenant à un grand groupe, où l’on arrose régulièrement les pelouses alors que les habitants manquent d’eau potable. 
   Dans la perspective d'un tourisme qui ne cessera de croître avec le recul de la pauvreté, il sera nécessaire de prendre mieux en compte la question écologique.

petites routes réservées aux cyclistes ; très fréquentes aux Pays-Bas et en Belgique

Chroniques les plus lues